T.

To understand is to condemn by Jacques Lacan

Such is the crime of the Papin sisters, by the emotion it arouses and which exceeds its horror, by its value as an atrocious image, but symbolic down to its most hideous details: the most worn metaphors of hatred: “I would tear out her eyes” receive their literal execution. The popular conscience reveals the meaning it gives to this hatred by applying the maximum penalty here, as the ancient law did to the crime of slavery. Perhaps, as we shall see, it is mistaken about the real meaning of the act. But for the benefit of those who are frightened by the psychological path on which we are embarking in the study of responsibility, let us observe that the adage “to understand is to forgive” is submitted to the limits of each human community and that, outside these limits, to understand (or to believe we understand) is to condemn. The intellectual content of delirium appears to us, as we have said, as a superstructure that both justifies and negates the criminal impulse. We therefore conceive it as submitted to the variations of this drive, to the fall which results, for example, from its satisfaction in the princeps case of the particular type of paranoia we have described (the Aimée case), the delusion vanishes with the realisation of the aims of the act. We should not be surprised that this was also the case during the first months following the sisters’ crime. The correlative defects of the classic descriptions and explanations have for a long time led to a disregard for the existence, however crucial, of such variations, by affirming the stability of paranoid delusions, whereas there is only constancy of structure. This conception leads the experts to erroneous conclusions, and explains their embarrassment in the presence of numerous paranoid crimes, where their feeling of reality emerges in spite of their doctrines, but only engenders uncertainty in them.

Jacques Lacan, “Motif du crime paranoïaque : le crime des sœurs Papin” in Premiers écrits (1933), Le Seuil, Paris, 2023, pp. 98-99

Tel est ce crime des sœurs Papin, par l’émotion qu’il soulève et qui dépasse son horreur, par sa valeur d’image atroce, mais symbolique jusqu’en ses plus hideux détails: les métaphores les plus usées de la haine : « Je lui arracherais les yeux » reçoivent leur exécution littérale. La conscience populaire révèle le sens qu’elle donne à cette haine en appliquant ici le maximum de la peine, comme la loi antique au crime des esclaves. Peut-être, nous le verrons, se trompe-t-elle ainsi sur le sens réel de l’acte. Mais observons, à l’usage de ceux qu’effraie la voie psychologique où nous engageons l’étude de la responsabilité, que l’adage « comprendre, c’est pardonner » est soumis aux limites de chaque communauté humaine et que, hors de ces limites, comprendre (ou croire comprendre), c’est condamner. Le contenu intellectuel du délire nous apparaît, nous l’avons dit, comme une superstructure à la fois justificative et négatrice de la pulsion criminelle. Nous le concevons donc comme soumis aux variations de cette pulsion, à la chute qui résulte par exemple de son assouvissement dans le cas princeps du type particulier de paranoïa que nous avons décrit (le cas Aimée), le délire s’évanouit avec la réalisation des buts de l’acte. Nous ne nous étonnerons pas qu’il en ait été de même pendant les premiers mois qui ont suivi le crime des sœurs. Les défauts corrélatifs des descriptions et des explications classiques, ont longtemps fait méconnaître l’existence, pourtant capitale, de telles variations, en affirmant la stabilité des délires paranoïaques, alors qu’il n’y a que constance de structure cette conception conduit les experts à des conclusions erronées, et explique leur embarras en présence de nombreux crimes paranoïaques, où leur sentiment de la réalité se fait jour malgré leurs doctrines, mais n’engendre chez eux que l’incertitude.

Jacques Lacan, “Motif du crime paranoïaque : le crime des sœurs Papin” in Premiers écrits (1933), Le Seuil, Paris, 2023, pp. 98-99

Jacques Lacan, “Motif du crime paranoïaque : le crime des sœurs Papin” in Premiers écrits (1933), Le Seuil, Paris, 2023, pp. 98-99

P.

Paranoiacs expect love from all strangers by Sigmund Freud

The patient derived the facts of his attack from observing the smallest signs by which the woman’s completely unconscious coquetry had betrayed itself to him, where no one else would have seen anything. Sometimes she had inadvertently brushed her hand against the man next to her, sometimes she had tilted her face too far towards him and had given him a smile more familiar than if she were alone with her husband. He was extraordinarily attentive to all these manifestations of his unconscious and took pains to interpret them rigorously, so much so that in truth he was always right and could still appeal to analysis to confirm his jealousy. In truth, his anomaly was that he observed his wife’s unconscious too closely and attached far more importance to it than anyone else would have thought possible.
We should remember that persecuted paranoiacs behave in a very similar way. They too do not recognise anything indifferent in others and, in their delusion of relationship, solicit the smallest clues from others, from strangers. The meaning of this delusion of relationship is precisely that they expect something like love from all strangers but the others show them nothing of this kind, they laugh at them in their presence, brandish their canes and spit on the ground as they pass, and really this is what you do not do when you take the slightest friendly interest in the person in the neighbourhood. Or else, you only do this when that person is completely indifferent to you, when you can treat him or her like the air around you, and the paranoid is not so wrong, as far as the fundamental kinship of the concepts of ‘foreigner’ and ‘hostile’ is concerned, in feeling such indifference, in response to his or her demand for love, as hostility.

Sigmund Freud, “Certain neurotic mechanisms in jealousy, paranoia and homosexuality” in International Review of Psycho-Analysis, 4, 1–10, London, 1923

Le malade tirait les faits dont prenait donnée son accès, de l’observation des plus petits signes par où la coquetterie pleinement inconsciente de la femme s’était trahie pour lui, là où nul autre n’eût rien vu. Tantôt elle avait frôlé de la main par mégarde le monsieur qui était à côté d’elle, tantôt elle avait trop penché son visage vers lui et lui avait adressé un sourire plus familier que si elle était seule avec son mari. Pour toutes ces manifestations de son inconscient il montrait une attention extraordinaire et s’entendait à les interpréter avec rigueur, si bien qu’à vrai dire il avait toujours raison et pouvait encore en appeler à l’analyse pour confirmer sa jalousie. En vérité, son anomalie se réduisait à ce qu’il portait sur l’inconscient de sa femme une observation trop aiguë et qu’il y attachait beaucoup plus d’importance qu’il ne serait venu à l’idée de tout autre.
Souvenons nous que les paranoïaques persécutés se comportent de façon tout à fait analogue. Eux aussi ne reconnaissent chez autrui rien d’indifférent et, dans leur délire de relation, sollicitent les plus petits indices que leur livrent les autres, les étrangers. Le sens de ce délire de relation est précisément qu’ils attendent de tous les étrangers quelque chose comme de l’amour, mais les autres ne leur montrent rien de pareil, ils se gaussent en leur présence, brandissent leurs cannes et crachent aussi bien par terre sur leur passage, et réellement c’est là ce qu’on ne fait pas lorsqu’on prend à la personne qui est dans le voisinage le moindre intérêt amical. Ou alors, on ne fait cela que lorsque cette personne vous est tout à fait indifférente, lorsqu’on peut la traiter comme l’air ambiant, et le paranoïaque n’a, quant à la parenté foncière des concepts d’« étranger » et d’« hostile », pas si grand tort, en ressentant une telle indifférence, en réponse à son exigence amoureuse, à la façon d’une hostilité.

Sigmund Freud, “De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité “(1922) in Premiers écrits , Le Seuil, Paris, 2023, pp. 133-134

Sigmund Freud, “De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité “(1922) In Travaux et interventions / Jacques Lacan, trad. Jacques Lacan, Association Régionale de l’éducation permanente, Alençon, 1977

P.

Paranoiacs do not project it into the sky by Sigmund Freud

We begin to see that we describe the behaviour of both jealous and persecuted paranoiacs very inadequately by saying that they project outwards on to others what they do not wish to recognize in themselves. Certainly they do this; but they do not project it into the sky, so to speak, where there is nothing of the sort already. They let themselves be guided by their knowledge of the unconscious, and displace to the unconscious minds of others the attention which they have withdrawn from their own.

Sigmund Freud, “Certain neurotic mechanisms in jealousy, paranoia and homosexuality” in International Review of Psycho-Analysis, 4, 1–10, London, 1923

Or nous avons le sentiment de décrire de manière très insuffisante le comportement du paranoïaque, le jaloux comme le persécuté, en disant qu’ils projettent vers l’extérieur, sur d’autres, ce qu’ils ne veulent pas percevoir dans leur propre intérieur. Certes, c’est ce qu’ils font, mais ils ne projettent pas pour ainsi dire dans le vague, pas là où ne se trouve rien d’analogue, au contraire ils se laissent guider par leur connaissance de l’inconscient et déplacent sur l’inconscient des autres l’attention qu’ils soustraient à leur propre inconscient.

Sigmund Freud, “De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité “(1922) In Travaux et interventions / Jacques Lacan, trad. Jacques Lacan, Association Régionale de l’éducation permanente, Alençon, 1977

Sigmund Freud, “De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité “(1922) In Travaux et interventions / Jacques Lacan, trad. Jacques Lacan, Association Régionale de l’éducation permanente, Alençon, 1977

F.

Freud had uncovered somthing new by F. Coblence & J.-L. Donnet

According to Jones, Freud had told him that through the case of an American patient referred to him, he felt he had uncovered something new about paranoia, that he had penetrated it down to the bedrock; and it brings to mind what he had written to Ferenczi in 1910: “I have succeeded where the paranoid fails.”

Selon Jones, Freud lui avait annoncé qu’à travers le cas d’un patient américain qu’il lui avait adressé, il avait l’impression d’avoir découvert du nouveau sur la paranoïa, qu’il l’avait pénétrée jusqu’au roc ; et l’on songe à ce qu’il avait écrit à Ferenczi en 1910 : « J’ai réussi là où le paranoïaque échoue. »

Françoise COBLENCE, Jean-Luc DONNET, « Argument : « Sur quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité » », Revue française de psychanalyse, 2011/3 (Vol. 75), p. 645-648.
DOI : 10.3917/rfp.753.0645.
URL : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2011-3-page-645.htm

P.

Projection in normal life by Salomon Resnik

‘The purpose of paranoia is to fend off an idea that is incompatible the ego, by projecting its substance into the external world’* (Freud), He goes on to say that two questions arise one is the transposition of this feeling (or relocation, removal in the sense of moving house) and the other is whether it applies to other cases of paranoia. For Freud, transposition or projection is a very common psychic mechanism. He seems here to be concerned with a quantitative increase in paranoïa of an otherwise normal phenomenon. But in Frau P.’s case he speaks also of distortion of perception – and therefore of a qualitative or substantial aspect. Freud suggests also the idea of a clinical differentiation between normal and pathological projection, in which case projection has its place in normal life; it is only abnormal or distorted projection which participates in the pathological or deluded perception of the world.

“Le but de la paranoïa est de repousser une idée incompatible avec le moi, en projetant sa substance dans le monde extérieur”* (Freud). Il poursuit en disant que deux questions se posent : l’une est celle de la transposition de ce sentiment (ou de la délocalisation, du déménagement au sens de l’emménagement) et l’autre est de savoir si elle s’applique à d’autres cas de paranoïa. Pour Freud, la transposition ou la projection est un mécanisme psychique très courant. Il semble ici s’intéresser à une augmentation quantitative de la paranoïa d’un phénomène par ailleurs normal. Mais dans le cas de Frau P., il parle aussi de distorsion de la perception – et donc d’un aspect qualitatif ou substantiel. Freud suggère également l’idée d’une différenciation clinique entre la projection normale et la projection pathologique, auquel cas la projection a sa place dans la vie normale ; ce n’est que la projection anormale ou déformée qui participe à la perception pathologique ou illusoire du monde.

Salomon Resnik, “Being in a persecutory world” in Even paranoids have enemies : new perspectives on paranoia and persecution, Routledge, London, 1998, p. 20

* Sigmund Freud, The standard edition of the complete psychological works of Sigmund Freud (1886-1889), vol.1, Hogarth Press, London, 1999, p. 209

P.

Paranoia : self-reproach as projection by Sigmund Freud

It only remains for me now to employ what has been learned from this case of paranoia for making a comparison between paranoia and obsessional neurosis. In each of them, repression has been shown to be the nucleus of the psychical mechanism, and in each what has been repressed is a sexual experience in childhood. In this case of paranoia, too, every obsession sprang from repression; the symptoms of paranoia allow of a classification similar to the one which has proved justified for obsessional neurosis. Part of the symptoms, once again, arise from primary defence – namely, all the delusional ideas which are characterized by distrust and suspicion and which are concerned with ideas of being persecuted by others. In obsessional neurosis the initial self-reproach has been repressed by the formation of the primary symptom of defence: self-distrust. With this, the self-reproach is acknowledged as justified; and, to weigh against this, the conscientiousness which the subject has acquired during his healthy interval now protects him from giving credence to the self-reproaches which return in the form of obsessional ideas. In paranoia, the self-reproach is repressed in a manner which may be described as projection. It is repressed by erecting the defensive symptom of distrust of other people. In this way the subject withdraws his acknowledgement of the self-reproach; and, as if to make up for this, he is deprived of a protection against the self-reproaches which return in his delusional ideas.

Sigmund Freud, FURTHER REMARKS ON THE NEURO-PSYCHOSES OF DEFENCE (1896), Click to access neuropsyremark.pdf

Il ne me reste plus qu’à utiliser ce que nous a appris ce cas de paranoïa pour une comparaison de la paranoïa et de la névrose obsessionnelle. Dans l’une et dans l’autre, il est montré que le refoulement est le noyau du mécanisme psychique, et le refoulé est dans les deux cas une expérience de l’enfance. Dans ce cas de paranoïa aussi, toute compulsion provient du refoulement ; les symptômes de la paranoïa admettent une classification semblable à celle qui s’est révélée justifiée pour la névrose obsessionnelle. Ici aussi, une partie des symptômes naît de la défense primaire : toutes les idées délirantes de méfiance, de suspicion, de persécution par les autres. Dans la névrose obsessionnelle, le reproche initial a été refoulé par formation du symptôme primaire de défense : la méfiance à l’égard de soi-même. De ce fait, le reproche est reconnu comme justifié ; en compensation, l’importance acquise, pendant l’intervalle sain, par la scrupulosité protège le sujet d’avoir à accorder sa croyance au reproche qui fait retour sous forme de représentations obsédantes. Dans la paranoïa, le reproche est refoulé sur une voie qu’on peut désigner comme projection, et le symptôme de défense qui est érigé est celui de la méfiance à l’égard des autres ; la reconnaissance est ainsi refusée au reproche, et, comme par représailles, il n’existe aucune protection contre les reproches qui font retour dans les idées délirantes.

https://www.biusante.parisdescartes.fr/normastim/biblio/cherici_20150213_01.pdf

Sigmund Freud, “Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense” in Névrose, Psychose et Perversion, PUF, Paris, p. 80

P.

Positive correlations by Collazzoni, Larøi, Laloyaux

Correlational analyses (Table 2) demonstrated significant and positive correlations between the PDI-P and the RFQ, the CHS, and the FHS. The RFQ was found to be significantly and positively correlated with the CHS and the FHS. Finally, the CHS was significantly and positively correlated with the FHS. The results of the hierarchical multiple regression analysis are reported in Table 3. First, step 1 revealed that the RFQ was a significant predictor of persecutory ideation proneness (β = 0.23), explaining 5% of the PDI-P variance. Step 2 revealed that the RFQ and CHS together explained 8% of the persecutory ideation proneness variance. In particular, the CHS explained 3% of the PDI-P (β = 0.20). Step 3 revealed that the FHS was not a significant predictor of PDI-P (β = 0.08).

Humilitation - Persecution - Collazzoni - Laloyaux - Larøi - Table 2

Humilitation - Persecution - Collazzoni - Laloyaux - Larøi - Table 3

Les analyses corrélatives (tableau 2) ont démontré des corrélations significatives et positives entre le PDI-P et le RFQ, le CHS et le FHS. La RFQ est significativement et positivement corrélée avec la CHS et la FHS. Enfin, le CHS est significativement et positivement corrélé avec le FHS. Les résultats de l’analyse hiérarchique de régression multiple sont présentés dans le tableau 3. Tout d’abord, l’étape 1 a révélé que le RFQ était un prédicteur significatif de la propension aux idées persécutrices (β = 0,23), expliquant 5 % de la variance du PDI-P. L’étape 2 a révélé que la RFQ et le CHS expliquaient ensemble 8 % de la variance de la propension aux idées persécutrices. En particulier, le CHS a expliqué 3 % de la variance du PDI-P (β = 0,20). L’étape 3 a révélé que le FHS n’était pas un prédicteur significatif de la PDI-P (β = 0,08).

Alberto Collazzoni, Julien Laloyaux, Frank Larøi, “Examination of humiliation and past maladaptive family context in persecutory ideation: An exploratory study” in Comprehensive Psychiatry – Volume 78, 2017, Pages 19-24,
ISSN 0010-440X,
https://doi.org/10.1016/j.comppsych.2017.06.015.
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0010440X16306575

PDI-P : Peters et al. Delusions Inventory-Persecution

RFQ : Risky Family Questionnaire

CHS : Cumulative Humiliation Subscale

FHS : Fear of Humiliation Subscale

H.

Humiliation and persecutory ideation by Collazzoni, Larøi, Laloyaux

The present study suggests that past interpersonal humiliation events and a maladaptive family context play a role in the development of persecutory ideation. It may be important to implement early interventions in high-risk families, among other matters, in order to prevent the development of persecutory ideation, and it may prove helpful to implement psychotherapeutic interventions aiming to counteract the effects of potentially past traumatic events in patients’ life (e.g., imagery with rescripting techniques) in order to reduce persecutory ideation.

La présente étude suggère que les événements d’humiliation interpersonnelle passés, et un contexte familial inadapté, jouent un rôle dans le développement de l’idéation persécutrice. Il peut être important de mettre en œuvre des interventions précoces dans les familles à haut risque, entre autres, afin de prévenir le développement de l’idéation persécutrice, et il peut s’avérer utile de mettre en œuvre des interventions psychothérapeutiques visant à contrecarrer les effets des événements potentiellement traumatiques passés dans la vie des patients (par exemple, l’imagerie avec des techniques de rescripting) afin de réduire l’idéation persécutrice.

Alberto Collazzoni, Julien Laloyaux, Frank Larøi, “Examination of humiliation and past maladaptive family context in persecutory ideation: An exploratory study” in Comprehensive PsychiatryVolume 78, 2017, Pages 19-24,
ISSN 0010-440X,
https://doi.org/10.1016/j.comppsych.2017.06.015.
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0010440X16306575

S.

Subject switches to the active register by Benjamin Lévy and Alain Vanier

The Other of the “interpretingsubject is supposed to resent him, just as he resents the obsessional. This position is the cause of an anguish of retaliation; the stake is, according to Karl Abraham*, the anal Object. If this Object falls into the hands of the Other, the subject switches to the active register. Wishing to reappropriate it, he is likely, on the psychotic side, to become a “claimant“; or, in the neurosis, to hysterize himself.

L’Autre du sujet « interprétateur » est supposé lui en vouloir, tout comme il en veut à l’obsessionnel. Cette position est cause d’une angoisse de rétorsion ; l’enjeu en est, selon Karl Abraham*, l’Objet anal. Si cet Objet tombe entre les mains de l’Autre, le sujet bascule dans le registre actif . Souhaitant se le réapproprier, il est susceptible, sur le versant psychotique, de devenir « revendicateur » ; ou, dans la névrose, de s’hystériser.

Benjamin LévyAlain Vanier, « Pour introduire une clinique de la revendication », Cliniques méditerranéennes, 2016/1 (n° 93), p. 161-174.
DOI : 10.3917/cm.093.0161.
URL : https://www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2016-1-page-161.htm

* Karl Abraham, 1924, « Esquisse d’une histoire du développement de la libido fondée sur la psychanalyse des troubles mentaux », dans Œuvres complètes, t. II, 1915-1929, Paris, Payot, 1989, 170-226.

I.

Interpretive delusion is often seen as a mode of recovery by Benjamin Lévy and Alain Vanier

We speak, here, in terms of logical time, not chronological. In this relation, the interpretive delusion is often seen as a mode of recovery from chronic hallucinatory psychosis: by resorting to the postulate “Such and such an Other is persecuting me,” the subject becomes able to answer the question “What is happening to me?”. In the claim delusion, the occurrence of harm and the existence of an Object identified as the cause of the desire of an indeterminate Other (closer to “we” than to “he”) allow him not to remain uncertain about the intentions of the adverse instance. Through his delusion, the “claimant” implicitly completes the sentence that sums up the delusion of persecution, to state: “An Other (persecutes me because he) wants my Object”. This position makes it possible to contain the anguish induced by the desire of the Other (“What does he want from me?”) by reducing the question to a univocal answer: “It is not me that he wants, it is my Object that he wants”. The switch to the active register (“but I won’t let myself be done”) has the effect of overcoming the anxiety of retaliation.
If our hypotheses are correct, there are thus:
1. Identification of the persecution as the cause of the emergence of an experience of strangeness (“The Other persecutes me…”);
2. Designation of the Object as the cause of the desire of the Other (“… because they want my Object… “);
3. Struggle against the feeling of dispossession (“… but I will not let myself be dispossessed “).

Table of interpretation or claim delusions by Benjamin Lévy and Alain Vanier
interpretation or claim delusions

Nous parlons, ici, en termes de temps logiques, et non chronologiques. Sous ce rapport, on considère souvent que le délire d’interprétation est un mode de guérison de la psychose hallucinatoire chronique  : en recourant au postulat « Tel Autre me persécute », le sujet devient capable de répondre à la question « Que m’arrive-t-il ? ». Dans le délire de revendication, la survenue d’un préjudice et l’existence d’un Objet identifié comme cause du désir d’un Autre indéterminé (plus proche du « on » que du « il ») lui permettent de ne pas rester dans l’incertitude quant aux intentions de l’instance adverse. À travers son délire, le « revendicateur » complète implicitement la phrase qui résume le délire de persécution, pour énoncer : « Un Autre (me persécute parce qu’il) veut mon Objet » Cette position permet de contenir l’angoisse induite par le désir de l’Autre (« Que me veut-il ? ») en rabattant la question sur une réponse univoque : « Ce n’est pas à moi qu’il en veut, c’est mon Objet qu’on veut ». La bascule dans le registre actif (« mais je ne me laisserai pas faire ») a pour effet de surmonter l’angoisse de rétorsion.
Si nos hypothèses sont exactes, il y a donc :
1. Identification de la persécution comme cause de l’émergence d’un vécu d’étrangeté (« L’Autre me persécute… ») ;
2. Désignation de l’Objet comme cause du désir de l’Autre (« … parce qu’on veut mon Objet… ») ;
2. Lutte contre le sentiment de dépossession (« … mais je ne me laisserai pas faire »).

Benjamin Lévy, Alain Vanier, « Pour introduire une clinique de la revendication », Cliniques méditerranéennes, 2016/1 (n° 93), p. 161-174.
DOI : 10.3917/cm.093.0161.
URL : https://www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2016-1-page-161.htm

D.

Difference between paraphrenic affections and the transference neuroses by Sigmund Freud

The difference between paraphrenic affections and the transference neuroses appears to me to lie in the circumstance that, in the former, the libido that is liberated by frustration does not remain attached to objects in phantasy, but withdraws on to the ego. Megalomania would accordingly correspond to the psychical mastering of this latter amount of libido, and would thus be the counterpart of the introversion on to phantasies that is found in the transference neuroses; a failure of this psychical function gives rise to the hypochondria of paraphrenia and this is homologous to the anxiety of the transference neuroses. We know that this anxiety can be resolved by further psychical working-over, i.e. by conversion, reaction-formation or the construction of protections (phobias). The corresponding process in paraphrenics is an attempt at restoration, to which the striking manifestations of the disease are due.

Sigmund FreudOn Narcissism : An introduction (1914), Trans. James Strachey (1925)

Je situe la différence entre ces affections et les névroses de transfert dans le fait que la libido libérée par la frustration ne se maintient pas dans les objets du fantasme mais se retire sur le moi. Le délire des grandeurs correspond alors à la maîtrise psychique de cette quantité de libido, donc à l’introversion sur des formations de fantasme dans les névroses de transfert; l’hypochondrie de la paraphrénie, qui est l’homologue de l’angoisse des névroses de transfert, prend sa source dans la défaillance de cette action psychique. Nous savons que cette angoisse peut être relayée par une élaboration psychique ultérieure, c’est-à-dire par conversion, formation réactionnelle, formation de protection (phobie). Dans les paraphrénies, cette fonction est occupée par la tentative de restitution, à laquelle nous devons les symptômes les plus voyants de la maladie.

Sigmund FreudPour introduire le narcissisme. Trad. Hélène Francoual, Éditions In press, Paris, 2017, p.42

Sigmund FreudPour introduire le narcissisme. Trad. Hélène Francoual, Éditions In press, Paris, 2017, p.42

M.

Megalomania fails the damming-up of libido in the ego by Sigmund Freud

Working them over in the mind helps remarkably towards an internal draining away of excitations which are incapable of direct discharge outwards, or for which such a discharge is for the moment undesirable. In the first instance, however, it is a matter of indifference whether this internal process of working-over is carried out upon real or imaginary objects. The difference does not appear till later—if the turning of the libido on to unreal objects (introversion) has led to its being dammed up. In paraphrenics, megalomania allows of a similar internal working-over of libido which has returned to the ego; perhaps it is only when the megalomania fails that the damming-up of libido in the ego becomes pathogenic and starts the process of recovery which gives us the impression of being a disease.

Sigmund FreudOn Narcissism : An introduction (1914), Trans. James Strachey (1925)

L’élaboration psychique fait un travail extraordinaire pour la dérivation interne des excitations qui ne sont pas capables de trouver une décharge extérieure immédiate ou pour lesquelles une telle décharge ne serait pas sur le champ. Concernant une telle élaboration interne il est d’abord indifférent de savoir qu’elle ait lieu sur des objets réels ou bien imaginés. La différence n’apparaît que plus tard, lorsque le retournement de la libido sur les objets irréels (introversion) a conduit à une stase de la libido. Le délire des grandeurs permet chez les paraphrènes un semblable remaniement interne de la libido revenue dans le moi. Peut-être que la stase de la libido dans le moi ne devient pathogène qu’après l’échec de ce délire des grandeurs et anime le processus de guérison qui nous apparaît comme maladie.

Sigmund FreudPour introduire le narcissisme. Trad. Hélène Francoual, Éditions In press, Paris, 2017, p.41-42

Sigmund FreudPour introduire le narcissisme. Trad. Hélène Francoual, Éditions In press, Paris, 2017, p.41-42

L.

Lady Persecution by St. Francis of Assisi

But the accomplishment of all virtues, namely Lady Persecution, to whom, as to me, God has given the Kingdom of Heaven, was with me, proving in all circumstances a faithful helper, a valiant auxiliary and a wise counsellor. Whenever she saw that some were lagging in charity, or forgetting a little about heavenly realities in order to set their hearts on earthly realities, she immediately thundered, immediately set the army (of persecutors) in motion, and immediately covered the faces of my sons with dishonour, so that they might seek the name of the Lord.

Mais l’accomplissement de toutes les vertus, à savoir dame Persécution, à laquelle, comme à moi, Dieu a donné le Royaume des cieux, était avec moi, s’avérant en toutes circonstances une aide fidèle, une auxiliaire vaillante et une sage conseillère. Chaque fois qu’elle voyait certains tiédir en charité, ou oublier quelque peu les réalités célestes pour mettre en quelque manière leur cœur dans les réalités terrestres, aussitôt elle tonnait, aussitôt elle mettait en branle l’armée (des persécuteurs) et aussitôt elle couvrait de déshonneur le visage de mes fils, pour qu’ils cherchent le nom du Seigneur.

François d’Assise, Commerce sacré de saint François avec Dame Pauvreté, chapitre XIII, «Persécution, sœur de Pauvreté », 36, Édition du VIIIe centenaire, p. 885-886

In Michel ZinkL’Humiliation, le Moyen Âge et nous, Albin Michel, Paris, 2017

N.

No questions are unanswerables by Ralph Waldo Emerson

Undoubtedly we have no questions to ask which are unanswerable. We must trust the perfection of the creation so far, as to believe that whatever curiosity the order of things has awakened in our minds, the order of things can satisfy.

Sans aucun doute, il n’y a pas de question que nous puissions poser qui soit sans réponse. Nous devons faire confiance à la perfection de la création, au point de croire que, quelque curiosité que l’ordre des choses ait éveillée dans notre esprit, ce même ordre des choses peut la satisfaire.

Ralph Waldo Emerson, Trad. Monique Bégot, “Nature” (1836) in La confiance en soi et autres essais, Payot & Rivages, 2000, p.18

Readable in english here

R.

Rivière was tormented by an immoderate desire for glory by Président des Assises

We see that Rivière was tormented by an immoderate desire for glory and illustration, and that a false reasonings serie based on examples taken from history led him to think he would do a meritorious action and immortalize himself by sacrificing his life to ensure his father‘s happiness.

On y voit que Rivière était tourmenté par un désir immodéré de gloire et d’illustration, et qu’une suite de faux raisonnements appuyés sur des exemples tirés de l’histoire l’ont conduit à penser qu’il ferait une action méritoire et s’immortaliserait en sacrifiant sa vie pour assurer le bonheur de son père.

Président des Assises à la Direction des affaires criminelles, présenté par Michel Foucault, “Le Dossier” in Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère… – un cas de parricide au XIXème siècle, Folio Histoire, Paris, 2019, p. 224

H.

Human race bent under the yoke of women by Docteur Vastel

He* pictured the human race bent under the yoke of women, submitted to their shameful law, enslaved to their whims. He thought that it would be noble and glorious to free It from this tutelage, that it would only require a generous example; that in all times and on the occasion of great circumstances, there had been men who had devoted themselves and whose names had passed to posterity.

Il* se figura le genre humain courbé sous le joug des femmes, subissant leur loi honteuse, asservi à leurs caprices. Il pensa qu’il serait noble et glorieux de le délivrer de cette tutelle, qu’il ne faudrait qu’un exemple généreux; que dans tous les temps et à l’occasion des grandes circonstances, il s’était trouvé des hommes qui s’étaient dévoués et dont les noms étaient passés à la postérité.

*Pierre Rivière

Docteur Vastel**, présenté par Michel Foucault, “Consultations Médico-Légales” in Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère… – un cas de parricide au XIXème siècle, Folio Histoire, Paris, 2019, p. 195

**Dr. Vastel was one of the forensic doctors who examined Pierre Rivière during the legal proceedings.

P.

Paranoia as a cultural symptom by Patrick O’Donnell

Once paranoia is viewed as a cultural symptom – that is, a manifestation of certain sociosymbolic investments – it becomes evident that it is historically anchored in a much more complex and enlarged sense than can be gathered by exploring its more local materializations in cold war culture. Cultural paranoia must be looked at within the larger, global perspective provided by Jameson’s understanding of the inter sections of late capitalism and postmodernity, even as the analysis must be vectored (as it is in this book) with specific issues related to nationalism, gender and racial differentiations, criminality, the formation of history, and a host of other lines of flight that one could pursue. Paranoia did not die with the fall of the wall and the liberation of Bucharest. It is in fact thriving, as it always has, in the U.S. cultural imaginary: the X-Files craze, survivalism, the new millennialism, the Unabomber, comet cults, the fascination with the alien abject, the proliferation of conspiracy theories to the point of self-parody – all speak to the persistence of cultural paranoia as symptomatic of nation and identity within postmodern circumstances. Because the trope that governs cultural paranoia is metonymy, there is little doubt that by the time the reader views this list, several new incarnations will have appeared. Indeed, as I argue, for the very reason that it is a symptom paranoia will not go away; in its most general aspect, it is the symptom of cultural identities negotiated within and in apposition to “history.”

Une fois que la paranoïa est considérée comme un symptôme culturel – c’est-à-dire une manifestation de certains investissements sociosymboliques – il devient évident qu’elle est historiquement ancrée dans un sens beaucoup plus complexe et élargi que ce que l’on peut recueillir en explorant ses matérialisations plus locales dans la culture de la guerre froide. La paranoïa culturelle doit être examinée dans la perspective plus large et globale fournie par la compréhension de Jameson des intersections du capitalisme tardif et de la postmodernité, même si l’analyse doit être vectorisée (comme c’est le cas dans ce livre) avec des questions spécifiques liées au nationalisme, aux différenciations de genre et de race, à la criminalité, à la formation de l’histoire et à une foule d’autres lignes de fuite que l’on pourrait poursuivre. La paranoïa n’est pas morte avec la chute du mur et la libération de Bucarest. En fait, elle prospère, comme elle l’a toujours fait, dans l’imaginaire culturel américain : l’engouement pour les X-Files, le survivalisme, le nouveau millénarisme, Unabomber, les cultes des comètes, la fascination pour l’alien abject, la prolifération des théories du complot jusqu’à l’auto-parodie – tout cela témoigne de la persistance de la paranoïa culturelle comme symptôme de la nation et de l’identité dans les circonstances postmodernes. Comme le tropisme qui régit la paranoïa culturelle est la métonymie, il ne fait guère de doute qu’au moment où le lecteur consultera cette liste, plusieurs nouvelles incarnations seront apparues. En effet, comme je le soutiens, pour la raison même qu’il s’agit d’un symptôme, la paranoïa ne disparaîtra pas ; dans son aspect le plus général, elle est le symptôme d’identités culturelles négociées au sein et en apposition à “l’histoire”. 

Patrick O’Donnell, Latent Destinies: Cultural Paranoia and Contemporary U.S. Narrative, Duke University Press, Londres, 2007, p. 8

A.

A person is either with this court or against by Arthur Miller

Danforth: No, old man, you have not hurt these people if they are of good
conscience. But you must understand, sir, that a person is either with this court or he must be counted against it, there be no road between. This is a sharp time, now, a pre-cise time – we live no longer in the dusky afternoon when evil mixed itself with good and befuddled the world. Now, by God’s grace, the shining sun is up, and them that fear not light will surely praise it. I hope you will be one of those.

DANFORTH : Non, vieillard, vous n’avez rien fait contre eux s’ils ont une bonne conscience. Mais vous devez comprendre que, si l’on n’est pas pour la Cour, on est forcément contre elle. Nous ne vivons plus à l’époque trouble où le bien se mêlait au mal pour abuser le monde. À présent, par la grâce de Dieu, le soleil luit, et ceux qui n’ont pas peur de la lumière sont heureux.

Arthur MILLERLes sorcières de Salem (1952)Trad. Marcel AYME, Robert Laffont, Paris, 2015, p. 148

The Crucible

T.

The voice of Heaven is speaking by Arthur Miller

Do you know, Mr. Proctor, that the entire, contention of the state in these trials is that the voice of Heaven is speaking through the children?

DANFORTH Savez-vous, monsieur Proctor, que, dans ce procès, la conviction profonde de l’État est que la voix de Dieu parle par la bouche de ces enfants

Arthur MILLERLes sorcières de Salem (1952)Trad. Marcel AYME, Robert Laffont, Paris, 2015, p. 138

The Crucible

S.

Some secret blasphemy stinks to Heaven by Arthur Miller

Hale: Proctor, I cannot think God be provoked so grandly by such a petty cause. The jails are packed – our greatest judges sit in Salem now – and hangin’s promised. Man, we must look to cause proportionate. Were there murder done, perhaps, and never brought to light? Abomination? Some secret blasphemy that stinks to Heaven? Think on cause, man, and let you help me to discover it. For there’s your way, believe it, there is your only way, when such confusion strikes upon the world.

HALE, ébranlé : Je ne crois pas que Dieu aurait permis de si terribles effets pour une si petite cause. Les prisons sont pleines, les juges les plus éminents siègent à Salem et l’ombre de la potence est là. Il me paraît juste de penser à une cause proportionnée à cet appareil. Peut être qu’à Salem, un meurtre a été commis et jamais dévoilé. Une abomination, quelque secret blasphème dont l’odeur empoisonne le ciel, que sais-je ? Pensez-y, Proctor, aidez-moi à découvrir le péché criminel dont le secret pèse sur les destins de Salem. C’est la seule façon d’agir dans un monde frappé d’aberration.

Arthur MILLER, Les sorcières de Salem (1952), Trad. Marcel AYME, Robert Laffont, Paris, 2015, p. 125

The Crucible

T.

The look and eyes by Jacques Lacan

I can feel myself looked by someone I do not even see his eyes, and even appearance. Just something to me means that others may be there. This window, if it is a bit obscure, and if I have reason to believe that there is someone behind is already one looking. From the moment that look there exists, I’m already something else, that I feel myself becoming an object for the look of others.

Je peux me sentir regardé par quelqu’un dont je ne vois même pas les yeux, et même pas l’apparence. Il suffit que quelque chose me signifie qu’autrui peut être là. Cette fenêtre, s’il fait un peu obscur, et si j’ai des raisons de penser qu’il y a quelqu’un derrière, est d’ores et déjà un regardant. A partir du moment où ce regard existe, je suis déjà quelque chose d’autre, en ce que je me sens moi-même devenir un objet pour le regard d’autrui.

Jacques Lacan, Séminaire I Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 240