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To dominate “countertransference” from Freud to C.G. Jung

Dear friend, 7 June 1909, Vienna, IX. Berggasse 19

Since I know you take a personal interest in the Sp.* matter I am informing you of developments. Of course there is no need for you to answer this.

I understood your telegram correctly, your explanation confirmed my guess. Well, after receiving your wire I wrote Fraulein Sp.* a letter in which I affected ignorance, pretending to think her suggestion was that of an over-zealous enthusiast. I said that since the matter on which she wished to see me was of interest chiefly to myself, I could not take the responsibility of encouraging her to take such a trip and failed to see why she should put herself out in this way. It therefore seemed preferable that she should first acquaint me with the nature of her business. I have not yet received an answer.

Such experiences,

though painful, are necessary and hard to avoid. Without them we cannot really know life and what we are dealing with. I myself have never been taken in quite so badly, but I have come very close to it a number of times and had a narrow escape , I believe that only grim necessities weighing on my work, and the fact that I was ten years older than yourself when I came to A, have saved me from similar experiences. But no lasting harm is done. They help us to develop the thick skin we need and to dominate “countertransference”, which is after all a permanent problem for us; they teach us to displace our own affects to best advantage. They are a “blessing in disguise ” (2).

The way these women manage to charm us with every conceivable psychic perfection until they have attained their purpose is one of nature’s greatest spectacles. Once that has been done or the contrary has become a certainty, the constellation changes amazingly. Now for some general news:

Gross, Vber psychopathische Minderwertigkeiten , Vienna, Braumiiller, 1909. I received the book from his old man, who, in response to my letter of thanks and appreciation, asked me to write to Otto, telling him how much I had liked the book and that I should like to discuss certain parts of it with him. Then, after meeting with him, I was to write the father my opinion. This I firmly declined to do, citing the results of your examination. I have too much respect for Otto Gross.

Today

I received a charming letter from Marcinowski, in which he declares himself to be our staunch supporter and comrade in struggle. He tells me that three further papers are being published in various places. He is trying to make contact with our group and is asking for addresses. His is: Sanatorium Haus Sielbeck a. Uklei, Holstein. I believe he is a worthwhile acquisition, an able man. Ivhaven’t received his paper yet.

I haven’t seen anything either about the Jahrbuch as a whole. Our Ferenczi has written a review for a Vienna paper. (3) The first blast against Little Hans has finally appeared in today’s Neurologisches Zentralblatt. The reviewer is Braatz; (4) he provides such a beautiful example of affective imbecility that one is tempted to forgive him for everything. Right next to it there is a review of Fraulein Chalewsky’s (5) little paper by Kurt Mendel (6) in person—unforgivably impudent. Today I also chanced to receive the new Lehrbuch der Nervenkrankheiten (Curschmann). (7) Aschaffenburg does the neuroses. There is none of his usual acrimony, but of course it is dismal, empty, etc.

An eventful day, as you can see. The story about the “glass rear end” appeared in the Z ukunft* I don’t remember when. The context of your letter shows you haven’t forgotten the meaning.

With a confident hand-shake and kind regards,

Sincerely yours, Freud.

1 English in original.
2 English in original.
3 Not traced; perhaps not published.
4 Emil Braatz (18657-1934), Berlin psychiatrist, in Neurologisches Zentralblatt, XXVIII (7 June 09), 585. Braatz also criticized Jung’s Amsterdam lecture in the review. For his attack on Abraham in Nov. 08, see 114 F.
5 Fanny Chalewsky, “Heilung eines hysterischen Bellens durch Psychoanalyse,” Zentralblatt fiir Nervenheilkunde und Psychiatrie , n.s., XX (1909). Chalewsky, from Rostov on the Don (Russia), had earned her M.D. at Zurich in 1907.
6 Kurt Mendel (1874-19—), Berlin psychiatrist, editor of the Neurologisches
Zentralblatt. See Jung, “On the Criticism of Psychoanalysis,” CW 4 (orig. Jahr-
7 Hans Curschmann (1875-1950), with F. Kramer, Lehrbuch der Nervenkrank¬
heiten (1909).

The Freud / Jung Letter, The Correspondence between Sigmund Freud and Carl Gustav Jung, Edited by W. McGuire, Translated by R Manheim and R. F. C. Hull, Bollingen Series XCIV, Princenton University Press, Princeton, 1974

* Sabina Spielrein

Sabina Spielrein

Cher ami, 7 juin 1909, Vienne, IX. Berggasse 19

Comme je sais que vous êtes personnellement intéressé par l’affaire Sp.*, je vous informe de l’évolution de la situation. Bien entendu, il n’est pas nécessaire que vous répondiez à cette lettre.

J’ai bien compris votre télégramme, votre explication a confirmé ma supposition. Après avoir reçu votre télégramme, j’ai écrit à Fraulein Sp.* une lettre dans laquelle j’ai fait semblant d’ignorer, en feignant de croire que sa suggestion était celle d’une enthousiaste trop zélée. Je lui ai dit qu’étant donné que le sujet pour lequel elle souhaitait venir pour principalement me voir moi-même, je ne pouvais pas prendre la responsabilité de l’encourager à faire un tel voyage et que je ne voyais pas pourquoi elle se mettrait en danger de cette façon. Il m’a donc semblé préférable qu’elle me fasse d’abord connaître la nature de son activité. Je n’ai pas encore reçu de réponse.

De telles expériences,

bien que douloureuses, sont nécessaires et difficiles à éviter. Sans elles, nous ne pouvons pas vraiment connaître la vie et ce à quoi nous avons affaire. Je crois que seules les sombres nécessités qui pèsent sur mon travail et le fait que j’avais dix ans de plus que vous lorsque je suis arrivé à A m’ont épargné de telles expériences. Mais il n’y a pas de mal irréversible. Elles nous aident à développer l’épiderme dont nous avons besoin et à dominer le “contre-transfert”, qui est après tout un problème permanent pour nous ; elles nous apprennent à déplacer nos propres affects pour en tirer le meilleur parti. Elles sont une “bénédiction déguisée” (2).

La façon dont ces femmes parviennent à nous charmer avec toutes les perfections psychiques imaginables jusqu’à ce qu’elles aient atteint leur but est l’un des plus grands spectacles de la nature. Une fois que c’est fait ou que le contraire est devenu une certitude, la constellation change étonnamment. Passons maintenant à l’actualité générale :

Gross, Vber psychopathische Minderwertigkeiten , Vienne, Braumiiller, 1909. J’ai reçu le livre de son père qui, en réponse à ma lettre de remerciement et d’appréciation, m’a demandé d’écrire à Otto pour lui dire combien j’avais aimé le livre et que j’aimerais en discuter certaines parties avec lui. Ensuite, après l’avoir rencontré, je devais écrire au père pour lui faire part de mon opinion. J’ai fermement refusé de le faire, citant les résultats de votre examen. J’ai trop de respect pour Otto Gross.

Aujourd’hui,

j’ai reçu une charmante lettre de Marcinowski, dans laquelle il se déclare notre fervent défenseur et camarade de lutte. Il me dit que trois autres articles sont en train d’être publiés dans différents endroits. Il essaie d’entrer en contact avec notre groupe et demande des adresses. La sienne est la suivante : Sanatorium Haus Sielbeck a. Uklei, Holstein. Je pense qu’il s’agit d’une acquisition intéressante, d’un homme compétent. Je n’ai pas encore reçu son document.

Je n’ai rien vu non plus concernant le Jahrbuch dans son ensemble. Notre Ferenczi a écrit une critique pour un journal viennois. (3) Le premier coup de gueule contre le Petit Hans est enfin paru dans le Neurologisches Zentralblatt d’aujourd’hui. Le chroniqueur en est Braatz ; (4) il donne un si bel exemple d’imbécillité affective qu’on est tenté de tout lui pardonner. Juste à côté, il y a une critique du petit article de Fraulein Chalewsky (5) par Kurt Mendel (6) en personne – d’une impudence impardonnable. Aujourd’hui, j’ai également eu la chance de recevoir le nouveau Lehrbuch der Nervenkrankheiten (Curschmann). (7) Aschaffenburg fait les névroses. Il n’y a pas sa hargne habituelle, mais bien sûr c’est lugubre, vide, etc.

Une journée mouvementée, comme vous pouvez le constater. L’histoire de l'”arrière en verre” est parue dans le Zukunft je ne sais plus quand. Le contexte de votre lettre montre que vous n’avez pas oublié le sens.

Avec une poignée de main confiante et mes salutations distinguées,

Sincèrement, Freud.

Sigmund Freud, Correspondances avec C.G. Jung, Paris, Gallimard, nrf, 1975