T.

The imaginary and the real act on the same level by Jacques Lacan

A schema like this one shows you that the imaginary and the real act on the same level. To understand this, all we have to do is to make another little improvement in the apparatus. Think of the mirror as a pane of glass. You’ll see yourself in the glass and you’ll see the objects beyond it. That’s exactly how it is – it’s a coincidence between certain images and the real. What else are we talking about ,when we refer to an oral, anal, genital reality, that is to say a specific relation between our images and images? This is nothing other than the images of the human body, and the hominisation of the world, its perception in terms of images linked to the structuration of the body. The real objects, which pass via the mirror, and through it, are in the same place as the imaginary object. The essence of the image is to be invested by the libido. What we call libidinal investment is what makes an object become desirable, that is to say how it becomes confused with this more or less structured image which, in diverse ways, we carry with us.
So this schema allows you to represent to yourself the difference which Freud always carefully drew, and which often remains puzzling to readers, between topographical regression and genetic, archaic regression, regression in history as we are also taught to designate it.

Jacques Lacan, The Seminar of Jacques Lacan – Book I – Freud’s paper on Technique (1953-1954), Trans. John Forrester, Norton Paperback, New-York, 1991, p. 141

Un tel schéma vous montre que l’imaginaire et le réel jouent au même niveau. Pour le comprendre, il suffit de faire un petit perfectionnement de plus à cet appareil. Pensez que ce miroir est une vitre. Vous vous voyez dans la vitre et vous voyez les objets au-delà. Il s’agit justement de cela – d’une coïncidence entre certaines images et le réel. De quoi d’autre parlons nous quand nous évoquons une réalité orale, anale, génitale, c’est-à-dire un certain rapport entre nos images et les images? Ce n’est rien d’autre que les images du corps humain, et l’hominisation du monde, sa perception en fonction d’images liées à la structuration du corps. Les objets réels, qui passent par l’intermédiaire du miroir et à travers lui, sont à la même place que l’objet imaginaire. Le propre de l’image, c’est l’investissement par la libido. On appelle investissement libidinal ce en quoi un objet devient désirable, c’est-à-dire ce en quoi il se confond avec cette image que nous portons en nous, diversement, et plus ou moins, structurée.
Ce schéma vous permet donc de vous représenter la différence que Freud fait toujours soigneusement, et qui reste souvent énigmatique aux lecteurs, entre régression topique et régression génétique, archaïque, la régression dans l’histoire comme on enseigne aussi à la désigner.

Jacques Lacan, Le Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 223

Jacques LacanLe Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 223

E.

Ego-ideal governs the interplay of relations by Jacques Lacan

Now let us postulate that the inclination of the plane mirror is governed by the voice of the other. This doesn’t happen at the level of the mirror-stage, but it happens subsequently through our overall relation with others – the symbolic relation. From that point on, you can grasp the extent to which the regulation of the imaginary depends on something which is located in a transcendent fashion, as M. Hyppolite would put it – the transcendent on this occasion being nothing other than the symbolic connection between human beings. What is the symbolic connection? Dotting our i’s and crossing our t’s, it is the fact that socially we define ourselves with the law as go-between. It is through the exchange of symbols that we locate our different selves [mois] in relation to one another – you, you are Mannoni, and me Jacques Lacan, and we have a certain symbolic relation, which is complex, according to the different planes on which we are placed, according to whether we’re together in the police station, or together in this hall, or together travelling.
In other words, it’s the symbolic relation which defines the position of the subject as seeing. It is speech, the symbolic relation, which determines the greater or lesser degree of perfection, of completeness, of approximation, of the imaginary. This representation allows us to draw the distinction between the Idealich* and the Ichideal*, between the ideal ego and the ego-ideal. The ego-ideal governs the interplay of relations on which all relations with others depend. And on this relation to others depends the more or less satisfying character of the imaginary structuration.

Jacques Lacan, The Seminar of Jacques Lacan – Book I – Freud’s paper on Technique (1953-1954), Trans. John Forrester, Norton Paperback, New-York, 1991, p. 140 – 141
Ego-ideal governs the interplay of relations - Lacan - Seminaire I

Nous pouvons supposer maintenant que l’inclinaison du miroir plan est commandée par la voix de l’autre. Cela n’existe pas au niveau du stade du miroir, mais c’est ensuite réalisé par notre relation avec autrui dans son ensemble – la relation symbolique. Vous pouvez saisir dès lors que la régulation de l’imaginaire dépend de quelque chose qui est situé de façon transcendante, comme dirait M. Hyppolite – le transcendant dans l’occasion n’étant ici rien d’autre que la liaison symbolique entre les êtres humains.
Qu’est-ce que c’est que la liaison symbolique ? C’est, pour mettre les points sur les i, que socialement, nous nous définissons par l’intermédiaire de la loi. C’est de l’échange des symboles que nous situons les uns par rapport aux autres nos différents moi – vous êtes, vous, Mannoni, et moi, Jacques Lacan, et nous sommes dans un certain rapport symbolique, qui est complexe, selon les différents plans où nous nous plaçons, selon que nous sommes ensemble chez le commissaire de police, ensemble dans cette salle, ensemble en voyage.
En d’autres termes, c’est la relation symbolique qui définit la position du sujet comme voyant. C’est la parole, la fonction symbolique qui définit le plus ou moins grand degré de perfection, de complétude, d’approximation, de l’imaginaire. La distinction est faite dans cette représentation entre l’Ideal-Ich* et l’Ich-Ideal*, entre moi-idéal et idéal du moi. L’idéal du moi commande le jeu de relations d’où dépend toute la relation à autrui. Et de cette relation à autrui dépend le caractère plus ou moins satisfaisant de la structuration imaginaire.

Jacques Lacan, Le Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 222 – 223

Jacques LacanLe Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 222 – 223

* Ideal-ego and Ego-ideal in german in the text

W.

Where we first saw our ego by Jacques Lacan

What is the point? – if not to see what the function of the other, of the human other, is, in the adequation of the imaginary and the real.
Here we’ll take up the little schema again. The finishing touch I added to it in our last session constitutes an essential element of what I am trying to demonstrate. The real image can only be seen in a consistent fashion within a limited field of the real space of the apparatus, the field in front of the apparatus, as constituted by the spherical mirror and the inverted bouquet.
We have placed the subject at the edge of the spherical mirror. But we know that the seeing of an image in the plane mirror is strictly equivalent for the subject to an image of the real object, which would be seen by a spectator beyond this mirror, at the very spot where the subject sees his image. We can therefore replace the subject by a virtual subject, VS, placed inside the cone which limits the possibility of the illusion – that’s the field x’y’. The apparatus that I’ve invented shows, then, how, in being placed at a point very close to the real image, one is nevertheless capable of seeing it, in a mirror, as a virtual image. That is what happens in man.
What follows from this? A very special symmetry. In fact, the virtual subject, reflection of the mythical eye, that is to say the other which we are, is there where we first saw our ego – outside us, in the human form. This form is outside of us, not in so far as it is so constructed as to captate sexual behaviour, but in so far as it is fundamentally linked to the primitive impotence of the human being. The human being only sees his form materialised, whole, the mirage of himself, outside of himself.

Jacques Lacan, The Seminar of Jacques Lacan – Book I – Freud’s paper on Technique (1953-1954), Trans. John Forrester, Norton Paperback, New-York, 1991, p. 139 – 140
where we first saw our ego - outside us - Lacan - Seminaire I

De quoi s’agit-il? – sinon de voir quelle est la fonction de l’autre, de l’autre humain, dans l’adéquation de l’imaginaire et du réel.
Nous retrouvons là le petit schéma. Je lui ai apporté à la dernière séance un perfectionnement qui constitue une partie essentielle de ce que je cherche à démontrer. L’image réelle ne peut être vue de façon consistante que dans un certain champ de l’espace réel de l’appareil, le champ en avant de l’appareil constitué par le miroir sphérique et le bouquet renversé.
Nous avons situé le sujet sur le bord du miroir sphérique. Mais nous savons que la vision d’une image dans le miroir plan est exactement équivalente pour le sujet à ce que serait l’image de l’objet réel pour un spectateur qui serait au-delà de ce miroir, à la place même où le sujet voit son image. Nous pouvons donc remplacer le sujet par un sujet virtuel, SV, situé à l’intérieur du cône qui délimite la possibilité de l’illusion – c’est le champ x’y’. L’appareil que j’ai inventé montre donc qu’en étant placé dans un point très proche de l’image réelle, on peut néanmoins la voir, dans un miroir, à l’état d’image virtuelle. C’est ce qui se produit chez l’homme.
Qu’en résulte-t-il? Une symétrie très particulière. En effet, le sujet virtuel, reflet de l’œil mythique, c’est-à-dire l’autre que nous sommes, est là où nous avons d’abord vu notre ego – hors de nous, dans la forme humaine. Cette forme est hors de nous, non pas en tant qu’elle est faite pour capter un comportement sexuel, mais en tant qu’elle est fondamentalement liée à l’impuissance primitive de l’être humain. L’être humain ne voit sa forme réalisée, totale, le mirage de lui-même, que hors de lui-même.

Jacques Lacan, Le Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 220 – 221

Jacques LacanLe Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 220 – 221

W.

We find the two terms ‘ideal ego’ and ‘ego ideal’ by Jacques Lacan

DR LECLAIRE: The text goes onNarcissism seems to make its appearance displaced on to this new ideal ego, which finds itself in possession of all the ego’s precious perfections, in the same way as the infantile ego was. As always where the libido is concerned, man has here again shown himself incapable of giving up a satisfaction he had once enjoyed. For the first time Freud uses the term ‘ideal ego‘ in this sentence – this ideal ego is now the target of the self-love which was enjoyed in childhood by the true ego. But he then says – He is not willing to forgo the narcissistic perfection of his childhood and […] he seeks to recover it in the new form of an ego-ideal. Here we find the two terms ‘ideal ego’ and ‘ego ideal’. Given the rigour of Freud’s writing, one of the puzzles of this text, very well brought out by Leclaire, is the coexistence in the same paragraph of the two terms.

Jacques Lacan, The Seminar of Jacques Lacan – Book I – Freud’s paper on Technique (1953-1954), Trans. John Forrester, Norton Paperback, New-York, 1991, p. 133

Le texte poursuit – Le narcissisme paraît dévié sur son nouveau moi-idéal qui se trouve en possession de toutes les précieuses perfections du moi, comme le moi infantile. L’homme s’est montré incapable, comme toujours dans le domaine de la libido, de renoncer à une satisfaction une fois obtenue. Freud emploie pour la première fois le terme de moi-idéal dans la phrase – c’est vers ce moi idéal que va maintenant l’amour de soi, dont jouissait, chez l’enfant, le véritable moi. Mais il dit ensuite – Il ne veut pas renoncer à la perfection narcissique de son enfance, et […] il cherche à la regagner dans la forme nouvelle de son idéal du moi. Figurent donc ici les deux termes de moi-idéal et d’idéal du moi. Étant donné la rigueur de l’écriture de Freud, c’est une des énigmes de ce texte qu’a très bien relevée Leclaire que la coexistence, dans le même paragraphe, des deux termes.

Jacques Lacan, Le Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 211

Jacques LacanLe Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 211

T.

The other has a captivating value by Jacques Lacan

For man the other has a captivating value, on account of the anticipation that is represented by the unitary image as it is perceived either in the mirror or in the entire reality of the fellow being.
The other, the alter ego, is more or less confused, according to the stage in life, with the Ichideal, this ego-ideal invoked throughout Freud‘s article. Narcissistic identification – the word identification, without differentiation, is unusable that of the second narcissism, is identification with the other which, under normal circumstances, enables man to locate precisely his imaginary and libidinal relation to the world in general. That is what enables him to see in its place and to structure, as a function of this place and of his world, his being. Mannoni said ontological just now, I’m quite happy with that. What I would precisely say is – his libidinal being. The subject sees his being in a reflection in relation to the other, that is to say in relation to the Ichideal.
Hence you see that one has to distinguish between the functions of the ego on the one hand, they play for man, as they do for every other living creature, a fundamental role in the structuration of reality – what is more, in man they have to undergo this fundamental alienation constituted by the reflected image of himself, which is the Ur-Ich, the original form of the Ichideal as well as that of the relation to the other.

Jacques Lacan, The Seminar of Jacques Lacan – Book I – Freud’s paper on Technique (1953-1954), Trans. John Forrester, Norton Paperback, New-York, 1991, p. 125-126

L’autre a pour l’homme valeur captivante, de par l’anticipation que représente l’image unitaire telle qu’elle en est perçue soit dans le miroir, soit dans toute réalité du semblable.
L’autre, l’alter ego, se confond plus ou moins, selon les étapes de la vie, avec l’Ich-Ideal, cet idéal du moi tout le temps invoqué dans l’article de Freud. L’identification narcissique – le mot d’identification, indifférencié, est inutilisable celle du second narcissisme, c’est l’identification à l’autre qui, dans le cas normal, permet à l’homme de situer avec précision son rapport imaginaire et libidinal au monde en général. C’est là ce qui lui permet de voir à sa place, et de structurer, en fonction de cette place et de son monde, son être. Mannoni a dit ontologique tout à l’heure, moi je veux bien. Je dirai exactement – son être libidinal. Le sujet voit son être dans une réflexion par rapport à l’autre, c’est-à-dire par rapport à l’Ich-Ideal.
Vous voyez là qu’il faut distinguer entre les fonctions du moi – d’une part, elles jouent pour l’homme comme pour tous les autres êtres vivants un rôle fondamental dans la structuration de la réalité – d’autre part, elles doivent chez l’homme passer par cette aliénation fondamentale que constitue l’image réfléchie de soi-même, qui est l’Ur-Ich*, la forme originelle de l’Ich-Ideal aussi bien que du rapport avec l’autre.

Jacques Lacan, Le Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 200

Jacques LacanLe Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 200

I.

Image of the body gives the subject the first form by Jacques Lacan

And it is here that the image of the body gives the subject the first form which allows him to locate what pertains to the ego and what does not. Well then, let us say that the image of the body, if we locate it in our schema, is like the imaginary vase which contains the bouquet of real flowers. That’s how we can portray for ourselves the subject of the time before the birth of the ego, and the appearance of the latter. I’m schematising, as you’re quite well aware, but developing a metaphor, a thinking apparatus, requires that from the start one give a sense of what its use is. You will see that this apparatus here possesses a versatility which allows for all sorts of movement. You can invert the experiment’s conditions – the pot could just as well be underneath and the flowers on top. You could make what is real imaginary at your discretion, on condition that you retain the relation of the signs, + — + or — + —.
For there to be an illusion, for there to be a world constituted, in front of the eye looking, in which the imaginary can include the real and, by the same token, fashion it, in which the real also can include and, by the same token, locate the imaginary, one condition must be fulfilled – as I have said, the eye must be in a specific position, it must be inside the cone.

Jacques Lacan, The Seminar of Jacques Lacan – Book I – Freud’s paper on Technique (1953-1954), Trans. John Forrester, Norton Paperback, New-York, 1991, p. 79-80
The experiment of the inverted bouquet by Lacan

Et c’est là que l’image du corps donne au sujet la première forme qui lui permette de situer ce qui est du et ce qui ne l’est pas. Eh bien, disons que l’image du corps, si on la situe dans notre schéma, est comme le vase imaginaire qui contient le bouquet de fleurs réel. Voilà comment nous pouvons nous représenter le sujet d’avant la naissance du moi, et le surgissement de celui-ci.
Je schématise, vous le sentez bien, mais le développement d’une métaphore, d’un appareil à penser, nécessite qu’au départ on fasse sentir à quoi ça sert. Vous verrez que cet appareil-ci a une maniabilité qui permet de jouer de toutes sortes de mouvements. Vous pouvez renverser les conditions de l’expérience – le pot pourrait aussi bien être en dessous, et les fleurs dessus. Vous pouvez à votre gré faire imaginaire ce qui est réel, à condition de conserver le rapport des signes, +-+ ou -+-.
Pour que l’illusion se produise, pour que se constitue, devant l’œil qui regarde, un monde où l’imaginaire peut inclure le réel et, du même coup, le former, où le réel aussi peut inclure et, du même coup, situer l’imaginaire, il faut qu’une condition soit réalisée – je vous l’ai dit, l’œil doit être dans une certaine position, il doit être à l’intérieur du cône.

Jacques Lacan, Le Séminaire – Livre ILes écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 129

Jacques LacanLe Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 129

T.

The experiment of the inverted bouquet by Jacques Lacan

Suppose that this is a box, hollow on this side, and that it’s placed on a stand, at the centre of the half-sphere. On the box, you will place a vase, a real one. Beneath it, there is a bouquet of flowers. So, what is happening?
The bouquet is reflected in the spherical surface, meeting at the symmetrical point of luminosity. Consequently, a real image is formed. Note that the rays do not quite cross perfectly in my schema, but that is also true in reality, and for all optical instruments – one only ever gets an approximation. Beyond the eye, the rays continue their movement, and diverge once again. But for the eye, they are convergent, and give a real image, since the characteristic of rays which strike the eye in a convergent form is that they give a real image. Convergent in meeting the eye, they diverge in moving away from it. If the rays happen to meet the eye in the opposite sense, then a virtual image is formed. This is what happens when you look at an image in the mirror – you see it where it isn’t. Here, on the contrary, you see it where it is – on the one condition that your eye be in the field of the rays which have already crossed each other at the corresponding point.
At that moment, while you do not see the real bouquet, which is hidden, if you are in the right field, you will see a very peculiar imaginary bouquet appear, taking shape exactly in the neck of the vase. Since your eyes have to move linearly in the same plane, you will have an impression of reality, all the while sensing that something is strange, blurred, because the rays don’t quite cross over very well. The further away you are, the more parallax comes into play, and the more complete the illusion will be.

Jacques Lacan, The Seminar of Jacques Lacan – Book I – Freud’s paper on Technique (1953-1954), Trans. John Forrester, Norton Paperback, New-York, 1991, p. 77-78
The experiment of the Inverted Bouquet by Lacan

Supposez que ceci soit une boîte, creuse de ce côté-là, et qu’elle soit placée sur un pied, au centre de la demi sphère. Sur la boîte, vous allez mettre un vase, réel. En dessous, il y a un bouquet de fleurs. Alors, qu’est-ce qui se passe ?
Le bouquet se réfléchit sur la surface sphérique, pour venir au point lumineux symétrique. Entendez que tous les rayons en font autant, en vertu de la propriété de la surface sphérique – tous les rayons émanés d’un point donné viennent au même point symétrique. Dès lors, se forme une image réelle. Notez que les rayons ne se croisent pas tout à fait bien dans mon schéma, mais c’est vrai aussi dans la réalité, et pour tous les instruments d’optique – on n’a jamais qu’une approximation. Au-delà de l’œil, les rayons continuent leur chemin, et redivergent. Mais pour l’œil, ils sont convergents, et donnent une image réelle, puisque la caractéristique des rayons qui frappent un œil sous une forme convergente, c’est de donner une image réelle. Convergents en venant à l’œil, ils divergent en s’en écartant. Si les rayons viennent frapper l’œil en sens contraire, c’est une image virtuelle qui se forme. C’est ce qui se passe quand vous regardez une image dans la glace – vous la voyez là où elle n’est pas. Ici, au contraire, vous la voyez là où elle est à cette seule condition que votre œil soit dans le champ des rayons qui sont déjà venus se croiser au point correspondant.
A ce moment-là, alors que vous ne voyez pas le bouquet réel, qui est caché, vous verrez apparaître, si vous êtes dans le bon champ, un très curieux bouquet imaginaire, qui se forme juste sur le col du vase. Comme vos yeux doivent se déplacer linéairement sur le même plan, vous aurez une impression de réalité, tout en sentant que quelque chose est bizarre, brouillé, parce que les rayons ne se croisent pas très bien. Plus vous serez loin, plus la parallaxe jouera, et plus l’illusion sera complète.

Jacques Lacan, Le Séminaire – Livre ILes écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 126-127

Jacques LacanLe Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 126-127

R.

Real psychoanalysis is funny by Jacques Lacan

It is a classical experiment, which used to be performed in the days when physics was fun, in the days when physics was really physics. Likewise, as for us, we find ourselves at a moment in time when psychoanalysis is really psychoanalysis. The closer we get to psychoanalysis being funny the more it is real psychoanalysis. Later on, it will get run in, it will be done by cutting corners and by pulling tricks. No one will understand any longer what’s being done, just as there is no longer any need to understand anything about optics to make a microscope. So let us rejoice, we are still doing psychoanalysis.

Jacques Lacan, The Seminar of Jacques Lacan – Book I – Freud’s paper on Technique (1953-1954), Trans. John Forrester, Norton Paperback, New-York, 1991, p. 77

Il s’agit d’une expérience classique, qui se faisait au temps où la physique était amusante, au temps de la vraie physique. De même, nous, nous sommes au moment où c’est vraiment de la psychanalyse. Plus nous sommes proches de la psychanalyse amusante, plus c’est la véritable psychanalyse. Par la suite, ça se rodera, ça se fera par approximation et par trucs. On ne comprendra plus du tout ce qu’on fait, comme il n’est déjà plus besoin de rien com prendre à l’optique pour faire un microscope. Réjouissons nous donc, nous faisons encore de la psychanalyse.

Jacques Lacan, Le Séminaire – Livre ILes écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 125

Jacques LacanLe Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 125

I.

Ideal of analysis is not complete self mastery by Jacques Lacan

Or, again, the ego is on the one hand like an empty egg, differentiated at its surface through contact with the world of perception, but it is also, each time we encounter it, that which says no or me, I, which says one, which speaks about others, which expresses itself in different registers. We are going to employ the techniques of an art of dialogue. Like the good cook, we have to know what joints, what resistances, we will encounter. The super-ego is a law deprived of meaning, but one which nevertheless only sustains itself by language. If I say you turn to the right, it’s to allow the other to bring his language into line with mine. I think of what goes through his head when I speak to him. This attempt to find an agreement constitutes the communication specific to language. This you is so fundamental that it arises before consciousness. Censorship, for example, which is intentional, neverthe less comes into action before consciousness, functioning with vigilance. You is not a signal, but a reference to the other – it is order and love.
In the same way, the ego-ideal is an organism of defence established by the ego in order to extend the subject’s satisfaction. But it is also the function that depresses most, in the psychiatric meaning of the term. The id is not reducible to a pure and objective given, to the drives of the subject. An analysis never leads to specifying a given quantity of aggressivity or erotism. The point to which analysis leads, the end point of the dialectic of existential recognition, is – You are this. In practice this ideal is never reached. The ideal of analysis is not complete self mastery, the absence of passion. It is to render the subject capable of sustaining the analytic dialogue, to speak neither too early, nor too late. Such is the aim of a training analysis.

Jacques Lacan, The Seminar of Jacques Lacan – Book I – Freud’s paper on Technique (1953-1954), Trans. John Forrester, Norton Paperback, New-York, 1991, p. 3

Ou encore, l’ego est d’une part comme un œuf vide, différencié à sa surface par le contact du monde de la perception, mais il est aussi, chaque fois que nous le rencontrons, celui qui dit non ou moi, je, qui dit on, qui parle des autres, qui s’exprime dans différents registres.
Nous allons suivre les techniques d’un art du dialogue. Comme le bon cuisinier, nous avons à savoir quels joints, quelles résistances, nous rencontrons. Le super-ego est une loi dépourvue de sens, mais qui pourtant ne se supporte que du langage. Si je dis tu prendras à droite, c’est pour permettre à l’autre d’accorder son langage au mien. Je pense à ce qui se passe dans sa tête au moment où je lui parle. Cet effort pour trouver un accord constitue la communication propre au langage. Ce tu est tellement fondamental qu’il intervient avant la conscience. La censure, par exemple, qui est intentionnelle, joue pourtant avant la conscience, elle fonctionne avec vigilance. Tu n’est pas un signal, mais une référence à l’autre, il est ordre et amour.
De même, l’idéal du moi est un organisme de défense perpétué par le moi pour prolonger la satisfaction du sujet. Mais il est aussi la fonction la plus déprimante, au sens psychiatrique du terme. L’id n’est pas réductible à un pur donné objectif, aux pulsions du sujet. Jamais une analyse n’a abouti à déterminer tel taux d’agressivité ou d’érotisme. Le point à quoi conduit le progrès de l’analyse, le point extrême de la dialectique de la reconnaissance existentielle, c’est – Tu es ceci. Cet idéal n’est en fait jamais atteint. L’idéal de l’analyse n’est pas la maîtrise de soi complète, l’absence de passion. C’est de rendre le sujet capable de soutenir le dialogue analytique, de parler trop tôt, ni trop tard. C’est à cela que vise une analyse didactique.

Jacques Lacan, Le Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 12

Jacques Lacan, Le Séminaire – Livre I – Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 12

T.

The look and eyes by Jacques Lacan

I can feel myself looked by someone I do not even see his eyes, and even appearance. Just something to me means that others may be there. This window, if it is a bit obscure, and if I have reason to believe that there is someone behind is already one looking. From the moment that look there exists, I’m already something else, that I feel myself becoming an object for the look of others.

Je peux me sentir regardé par quelqu’un dont je ne vois même pas les yeux, et même pas l’apparence. Il suffit que quelque chose me signifie qu’autrui peut être là. Cette fenêtre, s’il fait un peu obscur, et si j’ai des raisons de penser qu’il y a quelqu’un derrière, est d’ores et déjà un regardant. A partir du moment où ce regard existe, je suis déjà quelque chose d’autre, en ce que je me sens moi-même devenir un objet pour le regard d’autrui.

Jacques Lacan, Séminaire I Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Le Seuil, 1998, p. 240