C.

Charles Maurras : conscience could liquefy as a corpse in a marble tomb by Georges Bernanos

I do not feel the need to distinguish between red, white or black fanaticism. I have always believed, for example, that the Inquisition was once done under the Freudian* sign of “transfer“, that is, that thousands and thousands of poor devils then paid with their lives for the morbid scruples, the sacrilegious obsessions of other thousands of poor devils, tortured by doubt, who were trying to warm their faith like Tiberius if we are to believe Tacitus, at least, of his failing manhood in a cool bath. I always believed this about Inquisition, but since I saw the “crusade” up close, I believe it even more. And, before I saw the Spanish revolution, I had been close to a man whose life – I understand it now – has been a vast enterprise of corruption of consciences, if one can use the word corruption, which immediately evokes in the mind the idea of decay. It would also be fair to say that, far from corrupting consciences, M. Charles Maurras petrified them, but the contradiction is only apparent. The sterile certainties that his cruel, ruthless, monstrous dialectical genius imposed on his victims were only on the surface. Under this protective coating of which no objection, no experience, would have been able to scratch only the enamel, under this sparkling carapace, the most precious powers of the soul, those of sympathy, were dissolved. Thus the conscience could liquefy, as a corpse in a marble tomb do, without anything detection of the decay work outside.

*Robert Vallery-Radot reports that Bernanos was interested, as early as the 1920s, in Freud’s studies of psychoanalysis; and one remembers the words collected in 1926 by F. Lefevre: “It is good that Freud has drawn attention again to the problem of the sexual instinct. It would be regrettable if the study of such problems were left to psychiatrists who, with a few exceptions, are extraordinarily naive, or to the makers of fabricated stories”. See also Alan Clark, Joy and the Contemporary World. Some remarks on Freud and on the democratic Catholics, Etudes bernanosiennes, nº XVI; La Revue des lettres modernes, n° DIV-DIX, 1977, P. 163-167

Je n’éprouve nullement le besoin de distinguer entre les fanatismes rouges, blancs ou noirs. J’ai toujours cru, par exemple, que l’Inquisition s’est faite jadis sous le signe freudien* du «transfert», c’est-à-dire que des milliers et des milliers de pauvres diables ont alors payé de leur vie les scrupules morbides, les obsessions sacrilèges d’autres milliers de pauvres diables, torturés par le doute, qui essayaient de réchauffer leur foi comme Tibère si l’on en croit du moins Tacite de sa virilité défaillante dans un bain frais. J’ai toujours cru cela de l’Inquisition, mais, depuis que j’ai vu de près la «croisade» mais, je le crois encore bien davantage. Et, avant de voir la révolution espagnole, j’avais approché un homme dont la vie – je le comprends maintenant – n’a été qu’une vaste entreprise de corruption des consciences, si on peut employer à ce sujet le mot de corruption, qui évoque aussitôt à l’esprit l’idée de déliquescence. Il serait aussi juste de dire que, loin de corrompre le consciences, M. Charles Maurras les pétrifiait, mais la contradiction n’est qu’apparente. Les certitudes stériles que son cruel, son impitoyable, son monstrueux génie dialectique imposait à ses victimes, n’étaient que de surface. Sous cet enduit protecteur dont aucune objection, aucune expérience, n’eût été capable de rayer seulement l’émail, sous cette carapace étincelante, achevaient de se dissoudre les plus précieuses puissances de l’âme, celles de la sympathie. Ainsi la conscience pouvait se liquéfier, comme un cadavre dans un tombeau de marbre, sans que rien ne décelât au-dehors le travail de la pourriture.

* Robert Vallery-Radot rapporte que Bernanos s’intéressait, dès les années vingt, aux études de psychanalyse de Freud ; et l’on se souvient des propos recueillis en 1926 par F. Lefevre : « ll est bon que Freud ait attiré de nouveau l’attention sur le problème de l’instinct sexuel. Il serait regrettable que l’étude de tels problèmes soit laissée aux psychiatres qui, à quelques exceptions près, sont d’une extraordinaire naïveté, ou à des fabricants d’histoires faisandées» (t. I, p. 1046). Voir aussi Alan Clark, La Joie et le monde contemporain. Quelques remarques sur Freud et sur les catholiques démocrates, Etudes bernanosiennes, nº XVI; La Revue des lettres modernes, n° DIV-DIX, 1977, P. 163-167.

Georges BernanosEssais et écrits de combat II (1939 – 1948), Gallimard, Nrf, Paris, 1995, p. 454

S.

Shame breeds to crime by Georges Bernanos

Ok, I understand very well the mistake of the Generals of the Great tumble! They believed France was perfectly able to do the tumble too. And, then, the degenerate France of the Armistice believed it: France spat in its hands and said: “Let’s go! Long live the Armistice! Long live Pétain!” under the two million prisoners’ gaze, more or less impatient to go and stroke “the sweety” and get back to work… What to expect ? All must be paid. It is true : crime breeds shame. But it also happens, it more often happens than we think, that shame breeds crime.

Ok je comprends très bien l’erreur des Généraux de la Grande Culbute ! Ils ont cru que la France était parfaitement capable de faire la culbute avec eux. Et la France dégénérée de l’Armistice l’a cru aussi : elle a craché dans ses mains et dit : « Allons-y ! Vive l’Armistice ! vive Pétain !» sous le regard des deux millions de prisonniers plus ou moins impatients d’aller caresser « la petite » et de reprendre leur boulot… Que voulez-vous ? Tout se paie. C’est vrai que le crime engendre la honte. Mais il arrive aussi, il arrive plus souvent qu’on croit, que la honte engendre le crime.

Georges Bernanos, Essais et écrits de combat II (1939 – 1948), Gallimard, Nrf, Paris, 1995, p. 1224

O.

Only shame is sad by Georges Bernanos

Besides, there is no real sadness except in shame; shame, alone is sad: because it has no cure. Of all the miseries of man, this is the only one from which death may not deliver him.

Il n’y a d’ailleurs de véritable tristesse que dans la honte; la honte seule est triste, parce qu’elle est sans remède. De toutes les misères de l’homme, elle est la seule dont la mort ne le délivre.

Georges Bernanos, Lettre aux anglais (1946), Editions Sillage, Paris, 2019, p. 53