W.

What then can the analyst’s desire be? by Jacques Lacan

This is because the drive divides the subject and the desire, which desire only sustains itself from the relationship that it ignores, from this division to an object that causes it. Such is the structure of fantasy.
What then can the analyst’s desire be? What can be the cure to which he devotes himself?
Will he fall into the preaching that discredits the priest whose good feelings have replaced his faith, and will he, like him, assume an abusive “direction”? One can only notice here that, except for the libertine that was the great comic of the century of genius, the privilege of the doctor, no less religious than others, has not been attacked there, any more than in the century of enlightenment.
Can the analyst take shelter of this ancient investiture, when, secularized, it goes to a socialization that will not be able to avoid neither eugenics, nor the political segregation of the anomaly? Will the psychoanalyst take over, not of an eschatology, but of the rights of a first end?
Then, what is the end of the analysis beyond the therapeutic one? It is impossible not to distinguish it when it is a question of making an analyst.

For as we have said without going into the substance of the transference, it is the desire of the analyst that ultimately operates in psychoanalysis.

Ceci pour la raison que la pulsion divise le sujet et le désir, lequel désir ne se soutient que du rapport qu’il méconnaît, de cette division à un objet qui la cause. Telle est la structure du fantasme.
Dès lors quel peut être le désir de l’analyste ? Quelle peut être la cure à laquelle il se voue?
Va-t-il tomber dans la prêcherie qui fait le discrédit du prêtre dont les bons sentiments ont remplacé la foi, et assu- mer comme lui une « direction » abusive? On ne saurait ici que remarquer qu’à ce libertin près qu’était le grand comique du siècle du génie, on n’y a pas, non plus qu’au siècle des lumières, attenté au privilège du médecin, non moins religieux pourtant que d’autres.
L’analyste peut-il s’abriter de cette antique investiture, quand, laïcisée, elle va à une socialisation qui ne pourra éviter ni l’eugénisme, ni la ségrégation politique de l’anomalie ? Le psychanalyste prendra-t-il la relève, non d’une eschatologie, mais des droits d’une fin première ?
Alors, quelle est la fin de l’analyse au-delà de la thérapeutique ? Impossible de ne pas l’en distinguer quand il s’agit de faire un analyste.
Car nous l’avons dit sans entrer dans le ressort du transfert, c’est le désir de l’analyste qui au dernier terme opère dans la psychanalyse.

Jacques Lacan,  “Du “Trieb” de Freud et du désir du Psychanalyste” Écrits II :, Nouvelle éd., Paris, Ed. du Seuil, 1999, p. 315

S.

Shameful subject sees himself being seen by David Bernard

The shameful subject is thus a subject who sees himself being seen. Thus we can define the return journey of the scopic drive, which makes the shame.

Le sujet honteux est donc un sujet qui se voit être vu. Ainsi peut-on définir le trajet en retour de la pulsion scopique, qui fait la honte.

David BernardLacan et la honte – de la honte à l’ontologieEditions nouvelles du Champ lacanien, Paris, 2019, p. 76

A.

An act is always a temporary failure of memory by Judith Butler

Not only does the construction take place over time, but it is itself a temporal process that operates through the reiteration of norms: sex is thus both produced and destabilized in the course of this reiteration.
Footnote :
It is not simply a matter of interpreting performativity as a repetition of acts, as if the “acts” remain intact and identical to themselves when repeated over time, as if this “time” were external to the “acts” themselves. On the contrary, an act is itself a repetition, a sedimentation, a solidification of the past that is precisely forclosed by the status that assimilates it to an act. In this sense, an act is always a temporary failure of memory. In the remainder of this text, I use the Lacanian idea that every act must be interpreted as a repetition, as the repetition of what cannot be recalled, of what cannot be found, and is thus the obsessive spectre of the deconstitution of the subject. The derivative concept of iterability, formulated in response to John Searle and John L.’s theorization of acts of discourse. Austin, also implies that every act is itself a re-citation, the citation of a chain of prior acts that are involved in the present act and that perpetually empty any “present” act of its presentness. See below note 11 for the difference between a repetition at the service of a fantasy of mastery (i.e. a repetition of acts that construct the subject, that are said to construct or constitute a subject) and the concept of the repetition drive (pulsion), taken from Freud, which breaks this fantasy of mastery and sets its limits.

Judith Butler, Bodies That Matter – On the Discursive Limits of Sex, Routledge, 1993


Non seulement la construction se déroule dans le temps, mais elle est elle-même un processus temporel qui opère par la réitération de normes: le sexe est ainsi à la fois produit et déstabilisé au cours de cette réitération”,
Note de bas de page :
Il ne s’agit pas simplement d’interpréter la performativité comme une répétition d’actes, comme si les « actes » restaient intacts et identiques à eux-mêmes lorsqu’ils sont répétés dans le temps, comme si ce « temps » était extérieur aux « actes » eux-mêmes. Au contraire, un acte est lui-même une répétition, une sédimentation, une solidification du passé qui précisément forclos par le statut qui l’assimile à un acte. En ce sens, un acte est toujours une défaillance provisoire de la mémoire. Dans la suite de ce texte, j’utilise l’idée lacanienne selon laquelle tout acte doit être interprété comme une répétition, comme la comme la répétition de ce qui ne peut être rappelé, de ce qui ne peut être retrouvé, et est ainsi le spectre obsédant de la déconstitution du sujet. Le concept déridiéen d’itérabilité, formulé en réponse à la théorisation des actes de discours par John Searle et John L. Austin, implique aussi que tout acte est lui-même une re-citation, la citation d’une chaine d’actes antérieurs qui sont impliqués dans l’acte présent et qui vident perpétuellement tout acte « présent» de sa présentéité. Voir ci-dessous la note 11 pour la différence entre une répétition au service d’un fantasme de maitrise (c’est-à-d à dire une répétition d’actes qui construisent le sujet, qui sont dits construire ou constituer un sujet) et le concept de pulsion de répétition, pris chez Freud, qui brise ce fantasme de maitrise et en fixe les limites.

Judith Butler, Ces corps qui comptent – De la matérialité et des limites discursives du « sexe », Editions Amsterdam, Paris, 2018, p. 27

I.

Ideal is to the Super-Ego what Drive is to the Id by André Green

On many occasions we have insisted on what Freud described in 1923 and on which he has never ceased to work since that date as an order of phenomena specific to the Super-Ego: the function of the ideal, which is to the Super-Ego what the drive is to the Id and what perception is to the Ego

A plusieurs reprises nous avons insisté sur ce que Freud a décrit en 1923 et sur quoi il n’a cessé de revenir depuis cette date comme ordre de phénomènes propres au Sur-Moi: la fonction de l’idéal, qui est au Sur-Moi ce que la pulsion est au Ça et la perception au Moi.

André Green, “Le narcissisme moral” in Revue Française de Psychanalyse Tome XXXIII, Paris, 1969, p. 359

H.

Human drive of aggression and self-annihilation by Sigmund Freud

The decisive question for the fate of the human specie seems to me to be whether and to what extent her cultural development will succeed in making itself master of the disruption brought to common life by the human drive of aggression and self-annihilation.

La question décisive pour le destin de l’espèce humaine me semble être de savoir si et dans quelle mesure son développement culturel réussira à se rendre maître de la perturbation apportée à la vie en commun par l’humaine pulsion d’agression et d’auto-anéantissement.

Sigmund Freud, Malaise dans la culture (1929), Points Essais, Paris, 2010, p. 89

E.

Expressing unconscious drives and intentions by Sigmund Freud

Patients’s associations, daily living’s symptomatic acts, dreams and symptoms-substitutes are expressing unconscious drives and intentions; they are born from repressed desires and complexes.

Les associations des patients, les actes symptomatiques de la vie quotidienne, les rêves et les symptômes-substituts expriment des pulsions et des intentions inconscientes ; ils naissent de désirs et de complexes refoulés.

Sigmund Freud, « Sur la psychanalyse » in Cinq leçons sur la psychanalyse (1910), trad. C. Heim, Gallimard, Paris, 1991, p. 81-82

O.

Organ endowed with bilateral contract by Sigmund Freud

Sexual pleasure is not just attached to the function of the genitals; the mouth is the kiss as well as food and communicate through word, eyes not only see the outside world changes important for the preservation of life, but also the properties of objects in which they are raised rank as objects of choice in love, and which their “attractions”. It is confirmed then it is not easy for anyone to serve two masters at once. More intimate relationship is an organ endowed with this function bilateral contracts with one of the great drives, the more he refuses to another.

Le plaisir sexuel n’est pas simplement rattaché à la fonction des organes génitaux ; la bouche sert au baiser aussi bien qu’à manger et à communiquer par la parole, les yeux ne perçoivent pas seulement les modifications du monde extérieur importantes pour la conservation de la vie, mais aussi les propriétés des objets par lesquelles ceux-ci sont élevés au rang d’objets du choix amoureux, et qui sont leurs “attraits”. Il se confirme alors qu’il n’est facile pour personne de servir deux maîtres à la fois. Plus est intime la relation qu’un organe doué de cette fonction bilatérale contracte avec l’une des grandes pulsions, plus il se refuse à l’autre.

Sigmund Freud, Trouble psychogène de la vision (1910) in Névrose, Psychose et Perversion, PUF, Paris, 2004, p.171

L.

Look : a driven activity by Sigmund Freud

Before the child fell under the domination of the castration complex, the time when the woman had to have its full value, began to manifest in him an intense pleasure/desire to look, as an erotic “driven” [Freud meant produced by his drives] activity.

Avant que l’enfant ne soit tombé sous la domination du complexe de castration, au temps où pour lui la femme avait encore sa pleine valeur, commença à se manifester chez lui un intense plaisirdésir de regarder, comme activité pulsionnelle érotique.

Sigmund Freud, Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci, PUF, Paris, 2012, p.43

D.

Dualism and duality for Freud by André Green

If so Freud insisted on maintaining a dualistic point of view with regard to the theory of drives is because he understood that the duality of departure was necessary for the generation of something else borned from the relationship of the two generic terms.

Si Freud a tellement tenu à maintenir un point de vue dualiste en ce qui concerne la théorie des pulsions c’est parce qu’il avait compris que la dualité de départ était la condition nécessaire à l’engendrement de quelque chose d’autre né de la relation des deux termes génériques.

André Green, La folie privée, Gallimard, Paris, 1990, p.42