T.

The sin of being born by Albert Cohen

Of course, antisemites, tender souls, of course, it is not a story of concentration camp that I told, and I did not suffer in my body on this tenth anniversary, on my tenth birthday. Of course, we have done better since then. Of course, camelot only gave shame to a little child, he only informed him about his infamous quality. Of course, he only convinced him of the sin of being born, a sin that deserves suspicion and hatred. But it’s still not bad to teach a sweet little child that he is an accursed person and to twist his soul forever.

Bien sûr, antisémites, âmes tendres, bien sûr, ce n’est pas une histoire de camp de concentration que j’ai contée, et je n’ai pas souffert dans mon corps en ce dixième anniversaire, en ce jour de mes dix ans. Bien sûr, on a fait mieux depuis. Bien sûr, le camelot n’a fait que donner de la honte à un petit enfant, il l’a seule ment renseigné sur sa qualité d’infâme. Bien sûr, il l’a seulement convaincu du péché d’être né, péché qui mérite le soupçon et la haine. Mais ce n’est tout de même pas mal d’apprendre à un doux petit enfant qu’il est un maudit et de tordre à jamais son âme.

Albert CohenO vous, frères humains (1972), Gallimard, Collection Folio, Paris, 1989, p. 201

R.

Radicalism means “no” to the language by Hélène L’Heuillet

It has always been said, since Plato, that violence arises in the language’s refusal, but violence works also against language. Violence is a power which reduces the language to impotence. How is it possible on the part of speaking beings, “parlêtre”? It means these speaking beings testify of their hatred of language, their refusal to pay their debt to the language that makes them be, and this to death, their own or collective. There is a “no” in this radicalism, but a “no” to the language. This relation to language can be called nihilist insofar as it is, in the strict sense, a disavowal of language. And therein lies, so to speak, the root of radicalism.

On dit toujours, depuis Platon, que la violence surgit dans le refus du langage, mais la violence est aussi active contre le langage. Elle est une puissance de réduction du langage à l’impuissance. Comment cela est-il possible de la part d’êtres parlants, de « parlêtres » ? C’est qu’il s’agit de parlêtres qui témoignent de leur haine du langage, de leur refus de payer leur dette au langage qui les fait être, et ce jusqu’à la mort, personnelle et collective. Il y a un « non » dans cette radicalité, mais un « non » au langage. On peut appeler nihiliste ce rapport au langage dans la mesure où il est, au sens strict, un désaveu du langage. Et c’est là que réside, si l’on peut dire, la racine de la radicalité.

Hélène L’HEUILLET, Tu haïras ton prochain comme toi même, Albin Michel, Paris, 2017, p. 99

T.

Trends of sadism and hate in melancholia by Sigmund Freud

The self-tormenting in melancholia, which is without doubt enjoyable, signifies, just like the corresponding phenomenon in obsessional neurosis, a satisfaction of trends of sadism and hate which relate to an object, and which have been turned round upon the subject‘s own self in the ways we have been discussing

L’auto-martyrisation, sans aucun doute exquise, de la mélancolie exprime, tout comme le phénomène correspondant dans la névrose obsessionnelle, la satisfaction de tendances haineuses et sadiques vouées à un objet, qui se sont retournées ainsi contre le sujet lui-même.

Sigmund Freud, Deuil et mélancolie (1917), PBP, Paris, 2011, p. 61