D.

Dangers which no longer exist in reality by Sigmund Freud

More over, these mechanisms are not relinquished after they have assisted the ego during the difficult years of its development. No one individual, of course, makes use of all the possible mechanisms of defence. Each person uses no more than a selection of them. But these become fixated in his ego. They become regular modes of reaction of his character, which are repeated throughout his life whenever a situation occurs that is similar to the original one. This turns them into infantilisms, and they share the fate of so many institutions which attempt to keep themselves in existence after the time of their usefulness has passed. “Vernunft wird Unsinn, Wohltat Plage”* as the poet complains. The adult’s ego, with its increased strength, continues to defend itself against dangers which no longer exist in reality; indeed, it finds itself compelled to seek out those situations in reality which can serve as an approximate substitute for the original danger, so as to be able to justify, in relation to them, its maintaining its habitual modes of reaction. Thus we can easily understand how the defensive mechanisms, by bringing about an ever more extensive alienation from the external world and a permanent weakening of the ego, pave the way for, and encourage, the outbreak of neurosis.

Sigmund Freud, “Analysis Terminable and Interminable” (1937), Standard Edition Vol XXIII, Trans. James Strachey, The Hogarth Press, London, 1964, pp. 237-238

De plus, ces mécanismes ne sont pas congédiés après avoir tiré le moi d’embarras dans les dures années de son développement. Chaque per sonne n’utilise naturellement pas tous les mécanismes de défense possibles, mais se contente de faire un certain choix parmi eux; toutefois ceux-ci se fixent dans le moi, ils deviennent des modes de réaction réguliers du caractère, qui se répètent durant toute une vie, aussi sou vent que fait retour une situation semblable à la situation d’origine. De ce fait, ils deviennent des infantilismes, partageant le destin de tant d’institutions qui tendent à se maintenir au-delà du temps où elles étaient utiles. «La raison devient non-sens, le bienfait calamité»*, comme le déplore le poète. Le moi renforcé de l’adulte continue à se défendre contre des dangers qui n’existent plus dans la réalité, il se trouve même poussé à aller rechercher ces situations de la réalité qui peuvent plus ou moins remplacer le danger d’origine afin de pouvoir justifier à leur contact qu’il reste attaché aux modes de réaction habituels Par là il devient facile de comprendre comment les mécanismes de défense, par un étrangement de plus en plus envahissant à l’égard du monde extérieur et par un affaiblissement durable du moi, préparent et favorisent l’éruption de la névrose.

Sigmund FreudL’analyse finie et l’analyse infinie (1937), PUF, Paris, 2021, p. 27

Sigmund FreudL’analyse finie et l’analyse infinie (1937), PUF, Paris, 2021, p. 24

*Goethe, Faust, Part 1, Scène 4.

D.

Difference between paraphrenic affections and the transference neuroses by Sigmund Freud

The difference between paraphrenic affections and the transference neuroses appears to me to lie in the circumstance that, in the former, the libido that is liberated by frustration does not remain attached to objects in phantasy, but withdraws on to the ego. Megalomania would accordingly correspond to the psychical mastering of this latter amount of libido, and would thus be the counterpart of the introversion on to phantasies that is found in the transference neuroses; a failure of this psychical function gives rise to the hypochondria of paraphrenia and this is homologous to the anxiety of the transference neuroses. We know that this anxiety can be resolved by further psychical working-over, i.e. by conversion, reaction-formation or the construction of protections (phobias). The corresponding process in paraphrenics is an attempt at restoration, to which the striking manifestations of the disease are due.

Sigmund FreudOn Narcissism : An introduction (1914), Trans. James Strachey (1925)

Je situe la différence entre ces affections et les névroses de transfert dans le fait que la libido libérée par la frustration ne se maintient pas dans les objets du fantasme mais se retire sur le moi. Le délire des grandeurs correspond alors à la maîtrise psychique de cette quantité de libido, donc à l’introversion sur des formations de fantasme dans les névroses de transfert; l’hypochondrie de la paraphrénie, qui est l’homologue de l’angoisse des névroses de transfert, prend sa source dans la défaillance de cette action psychique. Nous savons que cette angoisse peut être relayée par une élaboration psychique ultérieure, c’est-à-dire par conversion, formation réactionnelle, formation de protection (phobie). Dans les paraphrénies, cette fonction est occupée par la tentative de restitution, à laquelle nous devons les symptômes les plus voyants de la maladie.

Sigmund FreudPour introduire le narcissisme. Trad. Hélène Francoual, Éditions In press, Paris, 2017, p.42

Sigmund FreudPour introduire le narcissisme. Trad. Hélène Francoual, Éditions In press, Paris, 2017, p.42

N.

Neuroses are no less threatening people by Sigmund Freud

[…] one day or another, the moral conscience of society will awaken and will remind all that the poor is just as entitled to the psychic care as he is to the one that we have today, the surgical care that saves life, and that neuroses are no less threatening people’s health than tuberculosis.

[…] un jour ou l’autre, la conscience morale de la société s’éveillera et elle lui rappellera que le pauvre a tout aussi bien droit à l’aide animique qu’à celle que de nos jours il a déjà, l’aide chirurgicale qui lui sauve la vie, et que les névroses ne menacent pas moins la santé du peuple que la tuberculose

Sigmund Freud, « Les voies de la thérapie psychanalytique » (1918) in La  technique psychanalytique, PUF, Paris, 2007, p. 154

D.

Difference between a neurosis and a psychosis by Sigmund Freud

In connection with a train of thought raised in other quarters, which was concerned with the origin and prevention of the psychoses, a simple formula has now occurred to me which deals with what is perhaps the most important genetic difference between a neurosis and a psychosis: neurosis is the result of a conflict between the ego and its id, whereas psychosis in the analogous outcome of a similar disturbance in the relations between the ego and the external world.

C’est dans le cadre d’un ensemble de réflexions suscitées par ailleurs, et qui avaient pour objet l’origine et la prévention des psychoses, qu’il m’est venu une formule simple concernant la différence génétique peut-être la plus importante qui soit entre la névrose et la psychose : la névrose serait le résultat d’un conflit entre le moi et son ça, la psychose, elle, l’issue analogue d’un trouble équivalent dans les relations entre le moi et le monde extérieur.

 
Sigmund Freud, « Névrose et psychose » (1924) in Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF, 2008, p.282