M.

Most common reasons for not reporting GBV by Palermo, Bleck, Peterman

The most common reasons [for not reporting GBV] were embarrassment (25% in Bolivia and 41% in Cambodia) and a belief that there was no use in reporting (47% in Cameroon and 30% in Mali). Other reasons included a belief that violence was a normal part of life that women must bear and various concerns for the well-being of others.

Les raisons les plus courantes [pour ne pas signaler une GBV] sont l’embarras (25 % en Bolivie et 41 % au Cambodge) et la conviction qu’il est inutile de signaler la violence (47 % au Cameroun et 30 % au Mali). Parmi les autres raisons, citons la conviction que la violence est un élément normal de la vie que les femmes doivent supporter et diverses préoccupations pour le bien-être d’autrui.

Tia Palermo, Jennifer Bleck, and Amber Peterman
Tip of the Iceberg: Reporting and Gender-Based Violence in Developing Countries
American Journal of Epidemiology, Vol. 179, No. 5
Published by Oxford University Press on behalf of the Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health.
DOI: 10.1093/aje/kwt295
December 12, 2013

S.

Subaltern has no access to cultural imperialism by Gayatri Chakravorty Spivak

[…] is subaltern everything that has no access or only limited access to cultural imperialism, which opens up a space for difference. So, who will say that it is nothing but the oppressed ? The working class is oppressed. It is not subaltern. It’s in the logic of capital, you know what I mean? So, to that extent, you can only… So I’m speaking in Gramsci terms. Let’s understand. Do we really have metaphorical use of words that are like minimally metaphorical ? When we say can’t speak, it means that, if speaking implies speaking and listening, that possibility of a response, responsibility, does not exist in the sphere of the subaltern. You bring the subalterns out of nowhere; the only way to produce this speech is to insert the subaltern as a subaltern into the circuit of hegemony, which is what has to happen. Who on earth would want to protect or museify the subordinate? Extremely reactionary museifiers, with dubious anthropological aims! An activist cannot want to keep the subaltern in the space of difference. To do something, to work for the subaltern, means to bring her into the discourse.
The third thing is the worst of all; you don’t give voice to the subaltern: you work for the damn subaltern, you work against the subaltern. The first thing (I’d like to say a word about the work of subaltern historians) is that many people claim subalternity. They are the least interesting and the most dangerous. Just because one belongs to a discriminated minority on university campuses doesn’t mean that one needs the word subaltern or Spivak as a whipping boy, all because she said, from that position, that subalterns cannot speak. They should be interested in the mechanisms of discrimination, and since they can speak, as I am told – yes, they can speak, I agree, they are in the hegemonic discourse. they want a piece of the pie and they are not being given it: let them speak and use the hegemonic discourse. They should not usurp the name of subaltern, and their main goal should not be to smear Spivak.


[…] est subalterne tout ce qui n’a pas accès ou n’a qu’un accès limité à l’impérialisme culturel ce qui ouvre un espace de différence. Alors, qui dira que ce n’est rien d’autre que l’opprimé ? La classe ouvrière est opprimée. Elle n’est pas subalteme. C’est dans a logique du capital, vous voyez ce que je veux dire ? Alors, dans cette mesure, vous pouvez seulement… Donc je parle dans les termes de Gramsci*. Comprenons. nous vraiment l’usage métaphorique de mots qui sont comme minimalement métaphoriques? Quand on dit ne peuvent pas parler, cela signifie que, si parler implique la parole et l’écoute, cette possibilité d’une réponse, la responsabilité, n’existe pas dans la sphère de la subalterne. Vous faites sortir les dites subalternes de nulle part; la seule manière de produire ce discours est d’insérer la subalterne en tant que subalterne dans le circuit de l’hégémonie, ce qui doit arriver. Qui diable peut donc vouloir protéger ou muséifier la subalternité? Des muséificateurs extrêmement réactionnaires, aux visées anthropologiques douteuses ! Un activiste ne peut pas vouloir maintenir la subalterne dans l’espace de la différence. Faire quelque chose, travailler pour la subalterne, cela signifie l’amener dans le discours.
La troisième chose est la pire de toutes; on ne donne pas de la voix à la subalterne : on travaille pour cette foutue subalterne, on travaille contre la subalternité. L’avant dernière chose (j’aimerais dire un mot du travail des historiens subalternistes), c’est que beaucoup de gens revendiquent la subalternité. Ce sont les moins intéressants et les plus dangereux. Ce n’est pas parce qu’on fait partie d’une minorité discriminée sur les campus universitaires qu’on a besoin du mot subalterne ou de Spivak comme souffre-douleur, tout ça parce qu’elle a dit, à partir de cette position, que les subalternes ne pouvaient pas parler. Ils devraient s’intéresser aux mécanismes de discrimination et, puisqu’ils peuvent parler, comme ils me le disent – oui, ils peuvent parler, je suis tout à fait accord, ils se situent dans le discours hégémonique. Ils veulent une part du gâteau et on ne la leur accorde pas : qu’ils parlent et utilisent le discours hégémonique. Ils ne devraient pas usurper le nom de subalterne, et leur but principal ne devrait pas être de salir Spivak.


* in Can the Subaltern Speak ? , Spivak refers to Gramsci to source the Subaltern word, here : Antonio Gramsci, « Alcuni temi della quistione meridionale », in Quaderni del carcere, 1926

Gayatri Chakravorty Spivak, “Annexe – “Les subalternes peuvent-elles parler ?” et ses critiques” in Les Subalternes peuvent-elles parler ?Editions Amsterdam, Paris, 2020, p.130 – 131

A.

Aporia between Subject and Object by Gayatri Chakravorty Spivak

Between patriarchy and imperialism, subject-constitution and object-formation, the figure of the woman disappears, not into a pristine nothingness, but into a violent shuttling which is the displaced figuration of the ‘third-world woman’ caught between tradition and modernization. These considerations would revise every detail of judgments that seem valid for a history of sexuality in the West: Such would be the property of repression, that which distinguishes it from the prohibitions maintained by simple penal law: repression functions well as a sentence to disappear, but also as an injunction to silence, affirmation of non-existence; and consequently states that of all this there is nothing to say, to see, to know. The case of suttee as exemplum of the woman-in-imperialism would challenge and reconstruct this opposition between subject (law) and object-of knowledge (repression) and mark the place of ‘disappearance’ with something other than silence and nonexistence, a violent aporia between subject and object status.

Gayatri Chakravorty SpivakCan the Subaltern Speak ?, p.102

Entre le patriarcat et l’impérialisme, la constitution du sujet et la formation de l’objet, la figure de la femme disparaît, non dans un néant virginal, mais dans un violent va-et-vient qui correspond à la figura tion déplacée de la « femme du Tiers-Monde », prise entre tradition et modernisation. Ces considérations conduiraient à réviser intégralement les jugements qui semblent valides pour une histoire de la sexualité en Occident: Tel serait le propre de la répression, et ce qui la distingue des interdits que maintient la simple loi pénale : elle fonctionne bien comme condamna tion à disparaître, mais aussi comme une injonction de silence, affirmation d’inexistence; et constat, par consé quent, que de tout cela, il n’y a rien à dire, ni à voir, ni à savoir, » Le cas de la suttee comme modèle [exemplum de la femme-dans-l’impérialisme met en doute et déconstruit cette opposition entre le sujet (la loi) et l’objet de connaissance (la répression) : il marque le point de « disparition par autre chose que du silence et de la non-existence, constituant une aporie violente entre le statut de sujet et celui d’objet.

Gayatri Chakravorty SpivakLes Subalternes peuvent-elles parler ?Editions Amsterdam, Paris, 2020, p.120 – 121

Gayatri Chakravorty SpivakLes Subalternes peuvent-elles parler ?Editions Amsterdam, Paris, 2020, p.120 – 121

T.

The subject is a text by Gayatri Chakravorty Spivak

Further, I am attempting to borrow the general methodological aura of Freud‘s strategy toward the sentence* he construed as a sentence out of the many similar substantive accounts his patients gave him. This does not mean I will offer a case of transference-in-analysis as an isomorphic model for the transaction between reader and text (my sentence**). The analogy between transference and literary criticism or historiography is no more than a productive catachresis. To say that the subject is a text does not authorize the converse pronouncement: the verbal text is a subject.

De plus, je tente d’emprunter l’aura méthodologique générale de la stratégie de Freud à l’égard de la phrase* qu’il a construite en tant que phrase, tirée des nombreux récits substantiels similaires que ses patients lui ont faits. Ceci ne veut pas dire que je proposerai un cas de transfert en analyse comme modèle isomorphique de la transaction entre le lecteur et le texte (ma phrase**). L’analogie entre transfert et critique littéraire ou historiographie n’est rien d’autre qu’une catachrèse productive. Dire que le sujet est un texte n’autorise pas l’affirmation contraire: le texte verbal est un sujet.

* Spivak refers here to the well known sentence “A child is being beaten“, which Freud used as title for one of his major article in 1919

** Spivak’s sentence is : “White men are saving brown women from brown men

Gayatri Chakravorty SpivakLes Subalternes peuvent-elles parler ?Editions Amsterdam, Paris, 2020, p.92

S.

Subalterns as women in the shadows by Gayatri Chakravorty Spivak

If, in the context of colonial production, subalterns have no history and cannot speak, subalterns as women are even more deeply in the shadows.

Si, dans le contexte de la production coloniale, les subalternes n’ont pas d’histoire et ne peuvent pas parler, les subalternes en tant que femmes sont encore plus profondément dans l’ombre.

Gayatri Chakravorty SpivakLes Subalternes peuvent-elles parler ?Editions Amsterdam, Paris, 2020, p.65

E.

Epistemic violence by Gayatri Chakravorty Spivak

We should also welcome the search for information carried out in anthropology, political science, history and sociology in these silenced spaces. But, for so much, the supposition and construction of a consciousness, or of a subject, underlie such work and will, in the long run, converge with the imperialist constitution of the subject, mixing epistemic violence with the advancement of knowledge and civilization. And the subalterne woman will always be as mute as ever.

Nous devons également nous réjouir de la recherche d’informations effectuée en anthropologie, en science politique, en histoire et en sociologie dans ces espaces réduits au silence. Et pour tant, la supposition et la construction d’une conscience, ou d’un sujet, sous-tendent un tel travail et vont, à la longue, converger avec la constitution impérialiste du sujet, mêlant la violence épistémique à l’avancement du savoir et de la civilisation. Et la femme subalterne sera toujours aussi muette.

Gayatri Chakravorty Spivak, Les Subalternes peuvent-elles parler ?, Editions Amsterdam, Paris, 2020, p.85

S.

Subject is ashamed of his fantasies by Didier Lauru

The moment of seeing […] is actually a moment of truth. In the sense that the adolescent subject presenses the semblant’s imposture and thus of his own subjective position. Freud had insisted on one point: it is from his fantasies the subject is ashamed of.

L’instant de voir […] est en fait un moment de vérité. Dans le sens où le sujet adolescent y pressent l’imposture du semblant et ainsi de sa position subjective. Freud avait insisté sur un point : ce dont le sujet a honte, c’est de ses fantasmes.

Didier Lauru, « L’hontologie à l’adolescence », Le Carnet PSY, 2019/3 (N° 224), p. 21-24
DOI : 10.3917/lcp.224.0021.
URL : https://www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2019-3-page-21.htm

T.

The shame imposed in childhood by Serge Tisseron

In addition, at any time, the shame imposed in childhood may be woke up. The look the seducers puts on the child, the brutal gestures that he possibly has towards him, his words which aim to make him bear responsibility for his own acts, all of this meets in the child a field of all the more conducive to shame as it was imposed on him during childhood. Of course, the words and gestures of the seducer can also at any time impose on the victim a shame unknown to him. But the shame and the silence that accompanies it, sometimes to death, are all the more likely to lock the experience of seduction that it was felt early and intensely.

En outre, à tout moment, la honte imposée dans l’enfance peut en effet
être réveillée. Le regard que le séducteur fait peser sur l’enfant, les gestes brutaux qu’il a éventuellement à son égard, ses mots qui visent à lui faire porter la responsabilité de ses propres actes, tout cela rencontre chez l’enfant un terrain d’autant plus propice à la honte que celle-ci lui a été imposée dans l’enfance. Bien entendu, les mots et les gestes du séducteur peuvent aussi à tout moment imposer à la victime une honte inconnue d’elle. Mais la honte et le silence qui l’accompagne, parfois jusqu’à la mort, ont d’autant plus de chances de verrouiller l’expérience de séduction qu’elle a été éprouvée précocement et intensément.

Serge Tisseron, « De la honte qui tue à la honte qui sauve », Le Coq-héron, 2006/1 (no 184), p. 18-31. DOI : 10.3917/cohe.184.31.
URL : https://www.cairn.info/revue-le-coq-heron-2006-1-page-18.htm

D.

Decency / Modesty is a fear of being victim by Serge Tisseron

So, decency / modesty is caracterized by the fear of being victim of an assault. It is inseparable from the self-protection desire, while the feeling of shame testifies the fact that our defenses have been “smashed”, and that the disgrace look of the other has penetrated deep inside us.

Ce qui caractérise la pudeur, c’est donc la crainte d’être victime d’une agression. Elle est inséparable du désir de nous protéger, alors que le sentiment de honte témoigne du fait que nos défenses ont été « enfoncées », et que le regard honnisseur de l’autre a pénétré jusqu’au fond de nous.

Serge Tisseron, « De la honte qui tue à la honte qui sauve », Le Coq-héron, 2006/1 (no 184), p. 18-31. DOI : 10.3917/cohe.184.31. URL : https://www.cairn.info/revue-le-coq-heron-2006-1-page-18.htm

O.

Opportunity costs of reporting by Felson, Messner, Hoskin, Deane

Finally, victims may avoid going to the police because of the opportunity costs.

Au total, les victimes peuvent préférer éviter d’appeler la Police à cause de coûts d’opportunité.

Richard B. Felson, Steven F. Messner, Anthony W. Hoskin, Glenn Deane, “Reasons for reporting and not reporting domestic violence to the police” in Criminology Volume 40 Number 3, 2002, p. 621


The reason of “self-protection,” which we create by combining the categories for “protection from future attack” and “to stop the incident,” is the most common one for calling the police (19.9% + 16.7% = 36.6%). Perceptions that the incidents are private or trivial matters are the most frequent reasons for not calling the police (disregarding the residual “other” category).

Les motivations d’ “auto-protection”, que nous avons créé en combinant les catégories “protection d’une nouvelle attaque dans l’avenir” et “pour arrêter l’incident”, sont les plus communément évoquées pour justifier l’appel de la police (19,9% + 16,7% = 36,6%). La perception qu’il s’agit là d’un incident privé, ou d’un incident sans importance sont les motivations les plus souvent évoquées pour justifier de ne pas appeler la police (sans tenir compte de la catégorie résiduelle “autre”).

Richard B. Felson, Steven F. Messner, Anthony W. Hoskin, Glenn Deane, “Reasons for reporting and not reporting domestic violence to the police” in Criminology Volume 40 Number 3, 2002, p. 630


Our results suggest that three factors inhibit victims from calling the police on partners and family members (versus strangers): the desire for privacy, the desire to protect the offender, and, for partners, the fear of reprisal. Privacy is by far the most important factor inhibiting reporting an incident. Three factors encourage victims to call the police on partners and family members: the desire for self-protection, the perception of these events as more serious, and the perception that the police will view these events as more serious.

Nos résultats suggèrent que trois facteurs empêchent les victimes de faire appel à la police pour intervenir contre des partenaires et des membres de la famille (par rapport aux cas où le bourreau est étranger): le désir de préserver la confidentialité, le désir de protéger le délinquant et, pour lorsqu’il s’agit d’un partenaire, la peur des représailles. La confidentialité est de loin le facteur le plus important dans l’empêchement du signalement d’un incident. Trois facteurs encouragent les victimes à appeler la police pour intervenir contre leurs partenaires et des membres de leur famille : le désir de se protéger, la perception de ces événements comme étant d’une gravité plus élevée et la conviction que la police considérera ces événements comme plus graves.

Richard B. Felson, Steven F. Messner, Anthony W. Hoskin, Glenn Deane., “Reasons for reporting and not reporting domestic violence to the police” in Criminology Volume 40 Number 3, 2002, p. 640

O.

One kills a woman by Marie-José Grihom

Gender violences inside the couple (practicing the gender) seem to be in line with the common psychic experiences of the partners, to this original fantasyone kills a woman“, which is all the more active as the rejection of the feminine is strong, for both the author as for the victim.

Les violences de genre au sein du couple (dans la pratique du genre) semblent être à la mesure des expériences psychiques communes des partenaires dans ce fantasme originaire « On tue une femme » qui est d’autant plus actif que le refus du féminin est présent tant pour l’homme auteur que pour la femme victime.

Marie-José Grihom, « Crime de genre et fantasme féminicide. À propos du fantasme « On tue une femme » » in On tue une femme, Hermann, Paris, 2019, p.427

N.

Not in contrast with the myth of the family by Adelina Miranda

In Italy, the media have a fundamental role showing femicide news. Unlike France, killings of women have a very large press coverage, and TV news daily update the number of women killed by men. The media produce and distribute numbers of images and narratives, and develop a collective representation of femicide which is articulated on two criteria. On the one hand, they always evoke crime as an exceptional event; on the other hand, they are very astonished by the fact that the violence takes place within the family environment. Indeed, the speeches produced by the press and the television evacuate all political and social implication, they put forward a face and an individual history while using an interpretative semantics which is based on a reductive vision of the phenomenon. The stories are told in the singular using a recurring statement: a man, more or less in love (even if sometimes he has a relationship with another woman) kills his wife or his companion because it considered leaving him or had already quits. The produced picture is the one of a man who is struck in his love, and sometimes, may be presented as a fragile human being. Because of its exceptional nature, the killing act does not appear to be in contrast with the myth of the family, as a place of love, mutual aid, support, personal fulfillment.

En Italie, les médias ont un rôle fondamental dans la mise en scène des informations sur les féminicides. Différemment de la France, les assassinats perpétrés contre les femmes ont une très grande visibilité dans la presse et les journaux télévisés mettent à jour quotidiennement la liste du nombre de femmes tuées par les hommes. Les médias produisent et distribuent des répertoires d’images et de narrations, et ils élaborent une représentation collective du féminicide articulée autour de deux critères. D’un côté, ils évoquent toujours le crime comme un événement exceptionnel ; d’un autre côté, ils font part d’un grand étonnement dérivé du fait que la violence ait lieu au sein du milieu familial. En effet, les discours produits par la presse et la télévision évacuent toute implication politique et sociale, ils mettent en avant un visage et une histoire individuelle tout en utilisant une sémantique interprétative qui se base sur une vision réductrice du phénomène. Les histoires sont racontées au singulier utilisant un énoncé récurant : un homme, plus ou moins amoureux (même si parfois il entretient une relation avec une autre femme) tue son épouse ou sa compagne car celle-ci envisageait de le quitter ou l’avait déjà quitté. L’image restituée est celle d’un homme qui est frappé dans son amour et parfois présenté comme un être fragile. De par son caractère exceptionnel, l’acte meurtrier n’apparaît donc pas comme étant en contraste avec le mythe de la famille comme lieu de l’amour, d’entraide, de soutien, d’épanouissement personnel.

Adelina Miranda, « Le féminicide : un « mot écran » ? » in On tue une femme, Paris, Hermann, 2019, p.101

F.

Femicide and patriarchal order by Juan Manuel Iranzo

Feminicide: the killing of a woman because some man or men, although occasionally also some women who accept men’s values, has or have sentenced her to death adducing whatever reasons, motives or causes, but nonetheless actually and ultimately because he or they believe she has defied (the words they often use are ‘offended’ or ‘insulted’) patriarchal order (in their words ‘honourable’ societies) beyond what her judge (often but not always the same person who kills her) is prepared to tolerate without retaliating in that way.

Féminicide : meurtre d’une femme par un ou plusieurs hommes, ou par certaines femmes qui souscrivent aux valeurs des hommes, qui la condamne/ent à mort quelles qu’en soient les raisons, les motifs ou les causes invoquées, mais fondamentalement parce qu’il (ou ils ou elle ou elles) croi(ent) qu’elle a défié (ou bien «offensé» ou «injurié») l’ordre patriarcal (ou encore l’«honneur» d’une société) au-delà de ce que son juge (et tueur souvent, mais il ne s’agit pas toujours du tueur) est prêt à tolérer sans représailles d’aucune sorte.

Juan Manuel Iranzo, ‘Reflections on femicide and violence against women’ (2015) in Working paper on femicide (unpublished), GESES, Universidad de Zaragoza