S.

Shame is that of being seen by Bernard Williams

The basic experience connected with shame is that of being seen, inappropriately, by the wrong people, in the wrong condition. It is straightforwardly connected with nakedness, particularly in sexual connections. The word aidoia, a derivative of aidos, “shame”, is a standard Greek word for the genitals, and similar terms are found in other languages. The reaction is to cover oneself or to hide, and people naturally take steps to avoid the situations that call for it : Odysseus would be ashamed to walk naked with Nausikaa’s companions. From this there is a spread of applications through various kinds of shyness or embarrassment. When the gods went to laugh at the spectacle of Aphrodite and Ares caught inextricably in flagrante delicto by Hephaistus’s nets, the goddesses stayed at home, aidõi, “from shame.” In the same vocabulary Homer can describe Nausikaa’s embarrassment at the idea of mentioning to her father her desire for marriage, Penelope’s refusal to appear by herself before the suitors, and Thetis’s hesitation to go and visit the gods.

L’expérience fondamentale liée à la honte est celle d’être vu, de manière inappropriée, par les mauvaises personnes, dans les mauvaises conditions. Elle est directement liée à la nudité, en particulier dans les relations sexuelles. Le mot aidoia, un dérivé de aidos, “honte”, est un mot grec standard pour les organes génitaux, et on trouve des termes similaires dans d’autres langues. La réaction est de se couvrir ou de se cacher, et les gens prennent naturellement des mesures pour éviter les situations qui l’exigent : Ulysse aurait honte de se promener nu avec les compagnons de Nausikaa. De là, il y a une propagation des applications à travers les différentes sortes de timidité ou d’embarras. Lorsque les dieux sont allés rire au spectacle d’Aphrodite et d’Arès pris inextricablement en flagrant délit par les filets d’Héphaïstos, les déesses sont restées chez elles, aidõi, “de honte “. Dans le même vocabulaire, Homère peut décrire l’embarras de Nausikaa à l’idée de mentionner à son père son désir de mariage, le refus de Pénélope de se présenter seule devant les prétendants, et l’hésitation de Thétis à aller rendre visite aux dieux.

Bernard A.O. Williams, Shame and necessity, University of California press, 1993, p. 78

D.

Desire to disappear by David Bernard

One thing, for example, will be to feel “null” and “fool/cunt”** at the same time. Null. because suddenly experiencing one’s subjective vacuity $, and ” fool/cunt” in the sense that Lacan understood it : of a subject identified with its jouissance. But anything else will be the reduction of the subject to this supreme embarrassment that I mentioned above. His image attacked and reduced to a stain, the subject will be able to see himself seen, ashamed, as waste of the world. And thus also, to desire to disappear really. To leave the scene of the world, to join, in act, “this fundamental exclusion where he feels himself “. To leave the scene to make cease this ontological experienced. To succeed by the passage by the act to erase himself, that is to say, to be “erased to the maximum by the bar” this bar whose object strikes the subject. To “let oneself fall” really, to “realize” in full its condition of object a to cease to see itself being seen like that, “unjustifiable body “. “The object a, Lacan will say again, is what you are all, as you are arranged there – so many pseudo-births of what has been, for those who have engendered you, the cause of desire “.

Une chose, pour exemple, sera de s’éprouver “nul” et “con” à la fois. Nul. car faisant soudainement l’épreuve de sa vacuité subjective $, et “con” au sens où l’entendait Lacan : d’un sujet identifié à sa jouissance. Mas toute autre chose sera la réduction du sujet à ce suprême embarras que j’évoquais plus haut. Son image attaquée et réduite à une tache, le sujet pourra alors se voir être vu, honteux, comme déchet du monde. Et donc aussi, désirer disparaître réellement. Quitter la scène du monde, pour rejoindre, en acte, “cette exclusion fondamentale où il se sent”*. Quitter la scène pour faire cesser cet éprouvé ontologique. Réussir par le passage à l’acte à s’effacer, c’est à dire, à être “effacé au maximum par la barre”* cette barre dont l’objet frappe le sujet. “Se laisser tomber” réellement, “réaliser” en plein sa condition d’objet a pour cesser de se voir être vu comme ça, “corps injustifiable”*. “L’objet a, dira encore Lacan, c’est ce que vous êtes tous, en tant que rangés là – autant de fausses-couches de ce qui a été, pour ceux qui vous ont engendrés, cause du désir”*.

David BernardLacan et la honte – de la honte à l’ontologieEditions nouvelles du Champ lacanien, Paris, 2019, p. 99

* Quoting Jacques Lacan, Le séminaire – Livre X : L’angoisse : 1962 – 1963, Paris, Éd. du Seuil, 2004, p. 130

** In French the word “con” is equivocal and designates in an old register the female sex, and designates nowadays almost exclusively a stupid person

E.

Embarassment, guilt, remorse and shame by Ruwen Ogien

In embarrassment, guilt, remorse, we remain focused on the action itself, its consequences, the possibilities to repair. In shame, we make inferences about our whole person (“I suck”, “I don’t measure up”, “What kind of monster am I to have done this?”, etc.). In short,
– regret is related to actions, people, events and states of affairs;
– embarrassment, guilt, remorse are relative to actions;
– shame is relative to the person.

Dans l’embarras, la culpabilité, le remords, nous restons focalisé sur l’action elle-même, ses conséquences, les possibilités de réparer. Dans la honte, nous faisons des inférences propos de toute notre personne (« Je suis à nul», « Je ne suis pas à la hauteur », « Quel genre de monstre suis-je pour avoir fait ça?», etc.). Bref,
– le regret est relatif aux actions, per sonnes, événements et état de choses ;
– l’embarras, la culpabilité, le remords sont relatifs aux actions ;
– la honte est relative à la personne.

Ruwen OgienLa honte est-elle immorale ?, Bayard, Paris, 2002, p. 73

T.

The bar (helm) embarrasses the subject by Jacques Lacan

The wind seems blowing on me, d’on’t you notice ? That embarrassment is very exactly the subject $ wearing the bar (helm); That the etymology imbaricare strictly speaking is the most direct allusion to the bar (helm) as such; And that as well it is the image of what is called the most direct experience of “embarrassment”. When you don’t know what to do with yourself, when you don’t know what to stand behind, it is clearly the experience of the bar (helm) that is at stake. And this bar (helm) can take more than one shape: curious references that can be found, if I am well informed, in many patois where the embarrassment, the embarazada – there are no Spaniards here? – Too bad, because I am told that the embarazada – without using the patois – means pregnant woman in Spanish. Which is another very significant form of the bar (helm) at its place.

Manifestement le vent souffle sur moi, si vous vous apercevez : Qu’embarras c’est très exactement le sujet $ revêtu de la barre ; Que l’étymologie imbaricare fait à proprement parler l’allusion la plus directe à la barre comme telle ; Et qu’aussi bien c’est là l’image de ce que l’on appelle le vécu le plus direct de l’« embarras ». Quand vous ne savez plus que faire de vous, que vous ne trouvez pas derrière quoi vous remparder, c’est bien de l’expérience de la barre qu’il s’agit. Et aussi bien cette barre peut prendre plus d’une forme : de curieuses références qu’on trouve, si je suis bien informé, dans de nombreux patois où l’embarrassé, l’embarazada – il n’y a pas d’Espagnols ici ? – tant pis car on m’affirme que l’embarazada – sans recourir au patois – veut dire la femme enceinte en espagnol. Ce qui est une autre forme bien significative de la barre à sa place.

Jacques LACAN, Le séminaire – Livre X : L’angoisse : 1962 – 1963, Paris, Éd. du Seuil, 2004. – Leçon du 14 novembre 1962

Jacques Lacan, Le séminaire – Livre X : 1962 – 1963, PDF

L.

Lacan’s shame at Fiat’s chain by Jacques Lacan

Take the chain at Fiat, or elsewhere. I’m talking about the Fiat one because I’ve already mentioned it, here or elsewhere, and I’ve been there. I’ve had this strong feeling, indeed, of seeing people busy at work without me knowing absolutely what they were doing. It made me feel ashamed. To you, it doesn’t, good for you. But in the end, I was very embarrassed. I was just with the boss, Johnny, as they call him, as I call him. Johnny, too, was obviously… well, he too was ashamed. This later appeared into questions he asked me, all of which had the apparent purpose, intended to hide his embarrassment, of making me say that, in all likelihood, they were happier there, at his place, than at Renault.

Prenez la chaîne chez Fiat, ou ailleurs. Je parle de celle de Fiat parce que je l’ai déjà évoquée, ici ou ailleurs, et j’y ai été. J’ai eu vivement ce sentiment, en effet, de voir des gens occupés à un travail sans que je sache absolument ce qu’ils faisaient. Moi, ça m’a fait honte. A vous, ça ne vous le fait pas, tant mieux. Mais enfin, j’ai été très gêné. J’étais justement avec le patron, Johnny, comme on l’appelle, comme je l’appelle. Johnny, lui aussi, était manifestement… enfin, lui aussi avait honte. Ça se traduit après par des questions qu’il m’a posées, qui avaient toutes la visée apparente, destinée à dissimuler son embarras, de me faire dire que, selon toute vraisemblance, ils étaient plus heureux là, chez lui, que chez Renault.

Jacques LacanLe séminaire ivre XVI, D’un Autre à l’autre (1968-1969), Seuil, Paris, 2006, p. 238

M.

Most common reasons for not reporting GBV by Palermo, Bleck, Peterman

The most common reasons [for not reporting GBV] were embarrassment (25% in Bolivia and 41% in Cambodia) and a belief that there was no use in reporting (47% in Cameroon and 30% in Mali). Other reasons included a belief that violence was a normal part of life that women must bear and various concerns for the well-being of others.

Les raisons les plus courantes [pour ne pas signaler une GBV] sont l’embarras (25 % en Bolivie et 41 % au Cambodge) et la conviction qu’il est inutile de signaler la violence (47 % au Cameroun et 30 % au Mali). Parmi les autres raisons, citons la conviction que la violence est un élément normal de la vie que les femmes doivent supporter et diverses préoccupations pour le bien-être d’autrui.

Tia Palermo, Jennifer Bleck, and Amber Peterman
Tip of the Iceberg: Reporting and Gender-Based Violence in Developing Countries
American Journal of Epidemiology, Vol. 179, No. 5
Published by Oxford University Press on behalf of the Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health.
DOI: 10.1093/aje/kwt295
December 12, 2013

V.

Victims of sexual assault are less likely to report by Felson Paré

The analyses of reasons help explain why victims are less likely to report sexual assaults than physical assaults. Victims of sexual assault are less likely to report the incident for four reasons: (a) they were more likely to be embarrassed, (b) they were more likely to fear reprisal, (c) they were more likely to think the police would not believe them, and (d) they were more likely to believe the police would be ineffective.

L’analyse des raisons évoquées permet d’expliquer pourquoi les victimes ont moins tendance à faire état d’une agression sexuelle que d’une agression physique. Les victimes d’agression sexuelle ont moins tendance à faire état de l’incident pour quatre raisons : (a) elles ont tendance à être plus embarrassées, (b) elles ont plus tendance à craindre des représailles, (c) elles ont plus tendance à penser que la Police ne les croira pas, (d) elles ont plus tendance à penser que la Police sera inefficace.

Author(s): Richard B. Felsone and Paul-Philippe Paré
“The Reporting of Domestic Violence and Sexual Assault by Nonstrangers to the Police”
Source: Journal of Marriage and Family, Vol. 67, No. 3 (Aug., 2005), pp. 597-610
Published by: National Council on Family Relations
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/3600191