P.

Performance that works effects realness by Judith Butler

Significantly, this is a performance that works, that effects realness, to the extent that it cannot be read. For “reading” means taking someone down, exposing what fails to work at the level of appearance, insulting or
deriding someone. For a performance to work, then, means that a reading is no longer possible, or that a reading, an interpretation, appears to be a kind of transparent seeing, where what appears and what it means coincide. On the contrary, when what appears and how it is “read” diverge, the artifice of the performance can be read as artifice; the ideal splits off from its appropriation. But the impossibility of reading means that the artifice works, the approximation of realness appears to be achieved, the body performing and the ideal performed appear indistinguishable.

Judith ButlerBodies That Matter – On the Discursive Limits of SexRoutledge, 1993, p. 129

Il est significatif que la performance fonctionne, produise un effet de réel, dans la mesure où elle ne peut pas être interprétée. Car interpréter, c’est « démolir » [take someone down] quelqu’un, révéler ce qui ne fonctionne pas au niveau de son apparence, l’insulter ou le ridiculiser. Pour qu’une performance fonctionne, il faut donc que l’interprétation ne soit plus possible, ou que la lecture, l’interprétation, paraisse n’être qu’une espèce de vision transparente, où ce qui apparait et sa signification coïncident. À l’inverse, quand ce qui apparaît et la façon dont cela est « interprété » divergent, l’artifice de la performance peut être lu comme un artifice; l’idéal se détache de son appropriation. L’impossibilité d’interpréter signifie donc que l’artifice fonctionne, que l’approximation de la réalité paraît être accomplie, le corps réalisant la performance et l’idéal réalisé par la performance paraissant indiscernables.

Judith ButlerCes corps qui comptent – De la matérialité et des limites discursives du «sexe» (1993), Editions Amsterdam, Paris, 2018, p. 194
P.

Paris Is Burning : neither insurrection nor resubordination but coexistence by Judith Butler

In these senses, then, Paris Is Burning documents neither an efficacious insurrection nor a painful resubordination, but an unstable coexistence of both. The film attests to the painful pleasures of eroticizing and miming the very norms that wield their power by foreclosing the very reverseoccupations that the children nevertheless perform.

Judith ButlerBodies That Matter – On the Discursive Limits of SexRoutledge, 1993, p. 131

C’est en ce sens que Paris Is Burning ne décrit ni une insurrection efficace ni une douloureuse resubordination, mais l’instable coexistence des deux. Le film témoigne des plaisirs douloureux de l’érotisation et de la reproduction parodique de normes qui tirent précisément leur pouvoir de ce qu’elles excluent les occupations inversées que les « enfants » réalisent néanmoins.

Judith ButlerCes corps qui comptent – De la matérialité et des limites discursives du «sexe» (1993), Editions Amsterdam, Paris, 2018, p. 205
T.

There is no necessary relation between drag and subversion by Judith Butler

Venus, and Paris Is Burning more generally, calls into question whether parodying the dominant norms is enough to displace them; indeed, whether the denaturalization of gender cannot be the very vehicle for a reconsolidation of hegemonic norms. Although many readers understood Gender Trouble to be arguing for the proliferation of drag performances as a way of subverting dominant gender norms, I want to underscore that there is no necessary relation between drag and subversion, and that drag may well be used in the service of both the denaturalization and reidealization of hyperbolic heterosexual gender norms. At best, it seems, drag is a site of a certain ambivalence, one which reflects the more general situation of being implicated in the regimes of power by which one is constituted and, hence, of being implicated in the very regimes of power that one opposes.

Judith ButlerBodies That Matter – On the Discursive Limits of SexRoutledge, 1993, p. 125

Vénus et, plus généralement Paris Is Burning, soulève la question de savoir si la parodie des normes dominantes suffit à les déplacer, et même si la dénaturalisation du genre ne peut pas être le vecteur de la reconsolidation des normes hégémoniques. De nombreux lecteurs ont supposé que Trouble dans le genre défendait la prolifération de performances travesties comme moyen de subvertir les normes de genre dominantes, mais je tiens à souligner qu’il n’y a pas de relation nécessaire entre le travestissement et la subversion, et que le travestissement peut très bien être utilisé au service tant de la dénaturalisation que de la réidéalisation de normes de genre hétérosexuelles hyperboliques. Au mieux, il semble que le travestissement soit le site d’une certaine ambivalence, qui reflète la situation plus générale consistant à être impliqué dans des régimes de pouvoir par lesquels on est constitué et, par conséquent, à être impliqué dans les régimes de pouvoir que justement l’on affronte.

Judith ButlerCes corps qui comptent – De la matérialité et des limites discursives du «sexe» (1993), Editions Amsterdam, Paris, 2018, p. 188