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Stigma to designate body marks by Erving Goffman

The Greeks, apparently interested in visual aids, coined the term stigma to designate body marks intended to expose the unusual and detestable moral status of the person so marked. These marks were engraved on the body with a knife or a red-hot iron, and proclaimed that the wearer was a slave, a criminal or a traitor, in short, a person stricken with infamy, ritually impure, and to be avoided, especially in public places. Later, in Christian times, two layers of metaphor were added to the term: the first referred to the marks left on the body by divine grace, which took the form of eruptive sores budding on the skin; the second, a medical allusion to the religious allusion, referred to the bodily signs of a physical disorder. Nowadays, the term is used a lot in a sense close to the original literal meaning, but applies more to the disgrace itself than to its bodily manifestation. In addition, there have been changes in the types of disgrace that attract attention.

Les Grecs, apparemment portés sur les auxiliaires visuels, inventèrent le terme de stigmate pour désigner des marques corporelles destinées à exposer ce qu’avait d’inhabituel et de détestable le statut moral de la per sonne ainsi signalée. Ces marques étaient gravées sur le corps au couteau ou au fer rouge, et proclamaient que celui qui les portait était un esclave, un criminel ou un traitre, bref, un individu frappé d’infamie, rituellement impur, et qu’il fallait éviter, surtout dans les lieux publics. Plus tard, au temps du christianisme, deux épaisseurs de métaphore s’ajoutèrent au terme : la première se rapportait aux marques laissées sur le corps par la grâce divine, qui prenaient la forme de plaies éruptives bourgeonnant sur la peau; la seconde, allusion médicale à l’allusion religieuse, se rapportait aux signes corporels d’un désordre physique. De nos jours, le terme s’emploie beaucoup en un sens assez proche du sens littéral originel, mais s’appli que plus à la disgrâce elle-même qu’à sa manifestation corporelle. De plus, il s’est produit des changements quant aux types de disgrâces qui éveillent l’attention.

Erving Goffman, Stigmate – les usages sociaux des handicaps (1963), Trad. Alain Kihm, Les éditions de minuit, 1975, Paris, p. 11