P.

Paris Is Burning : neither insurrection nor resubordination but coexistence by Judith Butler

In these senses, then, Paris Is Burning documents neither an efficacious insurrection nor a painful resubordination, but an unstable coexistence of both. The film attests to the painful pleasures of eroticizing and miming the very norms that wield their power by foreclosing the very reverseoccupations that the children nevertheless perform.

Judith ButlerBodies That Matter – On the Discursive Limits of SexRoutledge, 1993, p. 131

C’est en ce sens que Paris Is Burning ne décrit ni une insurrection efficace ni une douloureuse resubordination, mais l’instable coexistence des deux. Le film témoigne des plaisirs douloureux de l’érotisation et de la reproduction parodique de normes qui tirent précisément leur pouvoir de ce qu’elles excluent les occupations inversées que les « enfants » réalisent néanmoins.

Judith ButlerCes corps qui comptent – De la matérialité et des limites discursives du «sexe» (1993), Editions Amsterdam, Paris, 2018, p. 205
H.

Heterosexual performativity is beset by an anxiety by Judith Butler

To claim that all gender is like drag, or is drag, is to suggest that “imitation” is at the heart of the heterosexual project and its gender binarisms, that drag is not a secondary imitation that presupposes a prior and original gender, but that hegemonic heterosexuality is itself a constant and repeated effort to imitate its own idealizations. That it must repeat this imitation, that it sets up pathologizing practices and normalizing sciences in order to produce and consecrate its own claim on originality and propriety, suggests that heterosexual performativity is beset by an anxiety that it can never fully overcome, that its effort to become its own idealizations can never be finally or fully achieved, and that it is consistently haunted by that domain of sexual possibility that must be excluded for heterosexualized gender to produce itself. In this sense, then, drag is subversive to the extent that it reflects on the imitative structure by which hegemonic gender is itself produced and disputes heterosexuality’s claim on naturalness and originality.

Judith ButlerBodies That Matter – On the Discursive Limits of SexRoutledge, 1993, p. 125

Affirmer que tout genre est semblable au travestissement, ou est un travestissement, c’est suggérer que l'”imitation” est au cœur du projet hétérosexuel et de ses binarismes de genre, que le travestissement n’est pas une imitation secondaire qui présupposerait un genre antérieur et original, mais que l’hétérosexualité hégémonique est elle-même un effort constant et répété d’imitation de ses propres idéalisations. Le fait qu’elle doive répéter cette imitation, qu’elle mette en place des pratiques pathologisantes et des sciences normalisatrices afin de produire et de consacrer sa propre prétention à la légitimité et au statut d’origine, suggère que la performativité hétérosexuelle est en proie à une anxiété qu’elle ne peut jamais tout à fait surmonter, que son effort pour devenir ses propres idéalisations ne peut jamais définitivement ou entièrement aboutir, et qu’elle est sans cesse hantée par le domaine de possibilités sexuelles qui doit être exclu pour que se produise le genre hétérosexualisé. Le travestissement est ainsi subversif dans la mesure où il met en lumière la structure imitative par laquelle le genre hégémonique est lui-même produit et conteste par là la prétention de l’hétérosexualité à la naturalité et au statut d’origine.

Judith ButlerCes corps qui comptent – De la matérialité et des limites discursives du «sexe» (1993), Editions Amsterdam, Paris, 2018, p. 125

Judith ButlerCes corps qui comptent – De la matérialité et des limites discursives du «sexe» (1993), Editions Amsterdam, Paris, 2018, p. 125

T.

There is no necessary relation between drag and subversion by Judith Butler

Venus, and Paris Is Burning more generally, calls into question whether parodying the dominant norms is enough to displace them; indeed, whether the denaturalization of gender cannot be the very vehicle for a reconsolidation of hegemonic norms. Although many readers understood Gender Trouble to be arguing for the proliferation of drag performances as a way of subverting dominant gender norms, I want to underscore that there is no necessary relation between drag and subversion, and that drag may well be used in the service of both the denaturalization and reidealization of hyperbolic heterosexual gender norms. At best, it seems, drag is a site of a certain ambivalence, one which reflects the more general situation of being implicated in the regimes of power by which one is constituted and, hence, of being implicated in the very regimes of power that one opposes.

Judith ButlerBodies That Matter – On the Discursive Limits of SexRoutledge, 1993, p. 125

Vénus et, plus généralement Paris Is Burning, soulève la question de savoir si la parodie des normes dominantes suffit à les déplacer, et même si la dénaturalisation du genre ne peut pas être le vecteur de la reconsolidation des normes hégémoniques. De nombreux lecteurs ont supposé que Trouble dans le genre défendait la prolifération de performances travesties comme moyen de subvertir les normes de genre dominantes, mais je tiens à souligner qu’il n’y a pas de relation nécessaire entre le travestissement et la subversion, et que le travestissement peut très bien être utilisé au service tant de la dénaturalisation que de la réidéalisation de normes de genre hétérosexuelles hyperboliques. Au mieux, il semble que le travestissement soit le site d’une certaine ambivalence, qui reflète la situation plus générale consistant à être impliqué dans des régimes de pouvoir par lesquels on est constitué et, par conséquent, à être impliqué dans les régimes de pouvoir que justement l’on affronte.

Judith ButlerCes corps qui comptent – De la matérialité et des limites discursives du «sexe» (1993), Editions Amsterdam, Paris, 2018, p. 188